Stefan Schaufelbühl mène cette recherche doctorale au sein de l’Ecole des sciences criminelles de la FDCA de l’Université de Lausanne.
Depuis les années 2000, la technologie de l’impression 3D s’est fait une place dans différents domaines, par exemple industriel, automobile, médical ou aéronautique, en offrant de nouvelles possibilités de fabrication. En 2013, les plans de la première arme à feu entièrement imprimée en 3D ont été publiés sur internet, montrant ainsi les utilisations abusives de cette technologie. Dix ans plus tard, les forces de l’ordre, y compris la police scientifique, sont confrontées à ces armes à feu ainsi qu’aux nouveaux défis qu’elles amènent.
Stefan Schaufelbühl mène une recherche doctorale sur les armes imprimées en 3D et les problématiques qu’elles engendrent dans le processus d’enquête. Il vise à déterminer tout d’abord l’ampleur du phénomène et les particularités de la fabrication et de l'utilisation de ces armes. Ensuite, il procède à des essais de tir avec pour objectif d'analyser les traces créées par un tir et de recueillir toutes les informations possibles sur l'origine de l'arme à feu. Il rédige cette recherche doctorale sous la direction du Professeur Olivier Delémont. La soutenance de sa thèse est prévue pour la fin d’année 2024.
En se basant sur des rapports de cas impliquants des armes imprimées en 3D et accessibles au public, Stefan Schaufelbühl s’est intéressé aux informations spatiales, temporelles, d’utilisation dans des circonstances réelles et de fabrication. Il a ainsi pu dresser un état des lieux qui indique que ce phénomène est actuellement marginal, même s'il a connu une augmentation notable depuis 2021. Des cas de saisies, d’utilisations et de ventes de telles armes ont été observés dans le monde entier, aux États-Unis (60% des cas) comme en Europe (25% des cas). Pour Stefan Schaufelbühl, cela met en évidence que la législation sur les armes, la situation politique et des facteurs sociologiques peuvent avoir une influence sur le type d’arme utilisé. En outre, il a révélé des informations sur l'équipement nécessaire à la fabrication de telles armes, remettant ainsi en cause la croyance largement répandue selon laquelle seules des machines sophistiquées sont capables d'imprimer des armes fonctionnelles. Finalement, il estime que ses résultats ne reflètent pas l’ampleur réelle du phénomène, ses données se basant sur des informations accessibles au public, et que l’augmentation se poursuivra à l’avenir.
Stefan Schaufelbühl a ensuite étudié le type de plans disponibles sur des sites internet accessibles au public. Il a observé une augmentation croissante des performances des modèles disponibles. Si les pistolets à un coup montraient des faiblesses il y a encore une dizaine d'années, Stefan Schaufelbühl a constaté que ces armes à feu ont depuis évolué de manière significative, devenant des armes à feu fiables et performantes. Le développement de cette technologie a été rendu possible par l'implication d’une communauté qui, au fil du temps, s'est établie sur Internet et a construit un solide réseau mondial. Selon Stefan Schaufelbühl, l'avenir verra encore de nouvelles avancées dans ce domaine, les armes à feu imprimées en 3D devenant une alternative de plus en plus viable à la production traditionnelle d'armes à feu.
Pour examiner en détails leur fabrication, leur performance et leur dangerosité, pour la cible et le tireur ou la tireuse, de ces armes à feu, l’École des sciences criminelles a obtenu l’autorisation des autorités compétentes pour pouvoir fabriquer et tester des armes imprimées en 3D au sein de ses propres locaux. Ces tests ont montré qu'elles sont effectivement fonctionnelles, mais parfois peu fiables. En effet, les données balistiques recueillies par Stefan Schaufelbühl ont révélé que ces armes représentent un danger pour la cible, mais aussi pour le tireur ou la tireuse en cas d’explosion de l’arme. Elles ont aussi permis de déterminer quelles traces spécifiques une arme imprimée en 3D laisse sur une scène de crime.
La dernière partie de la recherche de Stefan Schaufelbühl se concentre sur l’analyse de ces traces – surtout des fragments de polymère. En examinant les caractéristiques de fabrication transférées aux objets physiques, il a obtenu un large éventail d’informations concernant l’équipement ainsi que les méthodes de fabrication. À partir de ces informations, les traces peuvent être associées à des éléments de fabrication (p.ex. l’imprimante 3D, le polymère, le logiciel et différents fichiers numériques) et permettre de donner une indication de l’origine des traces ou de l’arme à feu.
Grâce à la recherche de Stefan Schaufelbühl et de toute l'équipe de l'ESC en charge de ces armes à feu de nombreuses connaissances sur les armes imprimées en 3D ont été acquises. La recherche forensique à ce sujet étant récente, de nouvelles recherches pourraient être lancées pour poursuivre les travaux de Stefan Schaufelbühl, par exemple sur l'aspect de la criminalistique numérique des dispositifs électroniques utilisés dans la fabrication.