Alessandra Rolle (Institut d'archéologie et des sciences de l'Antiquité, UNIL) obtient un financement pour son projet libre consacré au traitement de la religion dans la production rhétorique latine entre le Ier siècle av. et le Ier siècle ap. J.-C.
Projet
Dans la société romaine, l'enseignement rhétorique a pour but de former les jeunes gens à devenir des citoyens actifs et engagés au sein de l'État, au tribunal et au sénat, grâce à une parole savamment maîtrisée. Dans cette société où le sacré n'est pas séparé de la vie civile et la politique est indissolublement liée à la religion, savoir parler de sujets religieux représente un élément d'importance fondamentale dans la formation des élites.
Si, pendant les dernières décennies, des travaux importants ont contribué à définir et analyser les caractéristiques de la religion civile à Rome et si les textes rhétoriques ont fait l'objet de nombreuses études qui ont souligné leur engagement civique, le traitement du thème du divin dans la formation rhétorique n'a pas encore été étudié de manière approfondie, susceptible de rendre compte de la complexité de ce phénomène. Le présent projet se propose de combler cette lacune en analysant le thème de la religion dans la production rhétorique latine entre le Ier siècle av. et le Ier siècle ap. J.-C. Cette chronologie permettra d'analyser le traitement du thème du sacré dans la formation rhétorique à une époque de bouleversements majeurs dans la réflexion sur la religion et dans sa pratique, en lien avec les profonds changements politiques, sociaux, culturels et économiques contemporains.
Le projet étudiera comment on enseignait aux jeunes à parler de religion et à connaître et utiliser la législation relative au sacré. Il s'interrogera également sur l'influence que la politique contemporaine exerçait sur la formation rhétorique en matière de religion, mais aussi sur la perméabilité de cette formation aux réflexions sur le sacré menées dans les écoles de philosophie. Il évaluera les retombées sociales, politiques, juridiques et culturelles des représentations du sacré dérivant de la formation rhétorique. Il se questionnera sur les modalités et les finalités de l'adoption d'une terminologie religieuse dans le langage rhétorique.
Les représentations du sacré dans les textes rhétoriques seront examinées selon une approche thématique, qui déclinera le travail en deux axes de recherche. Le premier axe, concernant le rapport entre la religion et la société, s'articulera en deux volets complémentaires, qui étudieront, dans le corpus des textes rhétoriques, d'une part, les modalités de représentation de la religion civile et, d'autre part, le rapport de la représentation rhétorique du divin avec d'autres sphères culturelles. Le second axe de recherche abordera une thématique plus ponctuelle, à savoir l'utilisation métaphorique de termes religieux dans le langage rhétorique.
En considération du rôle joué par la formation des élites dans la définition de valeurs et comportements partagés au sein de la société, l'étude du thème de la religion dans la production rhétorique entre le Ier siècle av. et le Ier siècle apr. J.-C. contribuera non seulement à enrichir nos connaissances sur la rhétorique latine, mais également à mieux saisir la complexité du panorama religieux, social, intellectuel et juridique de Rome à un tournant de son histoire.
Direction du projet
Équipe de recherche
Durée du projet