À quoi sert le renseignement financier ? De la trace financière à la « fabrique de la criminalité » en Suisse et au Canada

Killian Chaudieu a mené cette recherche doctorale en science forensique à l’École des sciences criminelles de la FDCA de l’Université de Lausanne et en criminologie à l’École de criminologie de l’Université de Montréal.

© Hugues Siegenthaler

Dans sa thèse de doctorat, Killian Chaudieu propose une analyse comparée des pratiques de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, en Suisse et au Canada. La particularité de sa recherche est d’avoir analysé toute la chaîne de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme sans se limiter à la première étape, soit la transparence des institutions financières. Il n’a pas non plus séparé les étapes les unes des autres, pour en faire une analyse globale allant des pratiques des acteurs financiers aux acteurs publics d’application de la loi sensés lutter contre la criminalité en s’attaquant aux produits des activités criminelles. L’enjeu principal de sa recherche a été de contribuer à la compréhension des pratiques de production et d’utilisation du renseignement financier reposant sur la traçabilité des flux financier (il)licites par les différents acteurs de la lutte antiblanchiment.  

La  démarche de Killian Chaudieu repose sur une approche mixte, qualitative et quantitative, et l'exploitation d’un matériel empirique jamais mobilisé auparavant. Pour l’analyse quantitative, il a notamment analysé une base de données, dénominalisées, rassemblant l’ensemble des déclarations d’opérations suspectes et des informations associées reçues par la cellule de renseignement financier suisse entre 2004 et 2014. Pour l’analyse qualitative, il a effectué des entretiens auprès d’une quarantaine d’agents au sein de la cellule de renseignement financier suisse et d’un panel « représentatif » de l’ensemble des acteurs publics d’application de la loi habilités à mobiliser le renseignement financier en Suisse et au Canada.  

La recherche de Killian Chaudieu fournit une comparaison internationale découlant de l’accès inédit à un matériau empirique dans deux contextes nationaux distincts, en Suisse et au Canada. Il arrive à la conclusion que la mise en œuvre du dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme reposant sur le processus de renseignement financier allait favoriser d’une part, le traitement judiciaire de la criminalité contre les personnes et les biens associés aux classes populaires et d’autre part, la résistance ou l’échappement au traitement judiciaire de la criminalité de nature économique et financière associée aux élites dirigeantes. 

Sa thèse a fait l’objet d’une cotutelle de thèse en criminologie, à l’École de criminologie de l’Université de Montréal et en science forensique, à l’Écoles des sciences criminelles de l’Université de Lausanne ; sous la direction des professeurs Anthony Amicelle (UDEM) et Quentin Rossy (UNIL). Celle-ci s’est ainsi ponctuée par l’obtention du grade de docteur dans ces deux disciplines académiques, en octobre 2022.  Killian Chaudieu a fait partie du premier groupe d’étudiantes et étudiants lausannois partis à Montréal en 2013 dans le cadre du programme conjoint établi entre les deux départements universitaires et concrétisant l’intégration de la science forensique et de la criminologie. Killian Chaudieu a reçu un Prix de Faculté pour sa thèse le 19 septembre 2023 lors de la Cérémonie d’ouverture des cours de la FDCA.

Publié du 9 octobre 2023 au 11 novembre 2023
par Faculté de droit, des sciences criminelles et d'administration publique FDCA
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