Flavia Serret, lauréate du Prix Egalité

Diplômée d’un Master en sciences du mouvement et du sport, Flavia Serret reçoit le « Prix Genre – Égalité femme-homme » de la Faculté SSP pour l’excellence de son mémoire sur le management dans le football féminin au sein de l’UEFA. Interview.

Toutes nos félicitations pour l’obtention du « Prix Genre – Egalité femme-homme » ! Qu’avez-vous éprouvé en recevant ce prix ?

Merci beaucoup ! Honnêtement c’était une très grande et très belle surprise. La rédaction de mon mémoire a été un processus stimulant mais aussi difficile, à travers lequel j’ai eu le plaisir d’explorer le football féminin sous un nouvel angle. Je cherchais à produire un travail de qualité, mais sans ambition autre que l’obtention de mon diplôme de Master.  Je ne m’attendais pas à ce que le mémoire aboutisse à l’obtention d’un prix et cela demeure donc un honneur et une belle surprise.

Présentez-nous brièvement le sujet de votre mémoire de master.

Le mémoire explore le management du football féminin au sein de l’Union des associations européennes de football, l’UEFA, avec trois objectifs principaux : comprendre comment il est structuré dans l’organisation ; identifier quels sont les mécanismes de décisions et à quels niveaux ceux-ci se trouvent ; découvrir comment ce sport féminin est perçu. Afin d’étudier ces thèmes, le mémoire se penche sur la théorie des « Strategic Actions Fields » de Fligstein and McAdam (2011). C’est une théorie assez récente qui cherche à expliquer l’apparition de changements sociaux et le rôle des acteurs impliqués. Grâce à sa dimension pratique, la théorie se prêtait facilement au sujet et permettait ainsi de démontrer les dynamiques existantes dans le football et plus spécifiquement, dans l’évolution du football féminin.

Pourquoi avoir choisi ce sujet ?

C’était d’une part une décision personnelle et d’autre part une décision « académique ». Le football est mon sport favori depuis l’âge de six ans. Je l’ai pratiqué durant toute mon enfance ; d’abord avec des garçons dans la cour d’école avant de lancer une équipe composée de filles, puis pendant mes études universitaires avant de débuter mon parcours professionnel à l’UEFA. Comme je souhaite un jour travailler dans le domaine du football féminin, le mémoire était l’occasion de plonger dans le sujet et d’approfondir mes connaissances de ce sport. L’année 2022 a aussi été une année importante pour le football féminin avec le plus grand Championnat d’Europe de football (Euro) jamais organisé à ce jour. Par ailleurs, sur le plan académique, le football féminin est un sujet très actuel. C’est un sport en plein essor, avec une acceptation sociale qui n’était pas présente il y a une dizaine d’années. Je m’intéressais à découvrir le travail derrière les coulisses (les « behind the scenes ») du sport pour mieux comprendre les outils utilisés et les obstacles auxquels sont confronté·e·s celles et ceux qui tiennent les rênes.  

Quels sont les principaux résultats de votre travail ?

En 2019, l’UEFA a lancé pour la première fois une stratégie sur cinq ans pour le football féminin, définissant les différents objectifs de l’organisation. Les résultats ont montré que la direction prise et la légitimité offerte par cette stratégie ont joué un rôle clé dans la priorisation du sport au sein de la confédération en termes d’investissement et de ressources mises à disposition, mais aussi des perceptions internes envers le football féminin. Une unité centralisée de Women’s Football, représentée également au niveau de la direction, permet en outre de pousser cet agenda et ses objectifs. Le football féminin est aussi de plus en plus représenté dans les divers départements. Ceci soulève la question de savoir si le football féminin doit rester une unité séparée au sein de l’UEFA ou s’il doit fusionner avec la structure existante du football masculin. Cette question ainsi que l’indépendance financière envers le football masculin demeurent deux questions à résoudre dans le moyen à long terme.

Selon vous, que peut apporter votre mémoire à la recherche ?

De nombreuses études se concentrent sur l’histoire du football féminin et de son développement sur le terrain (« on the pitch »).  Il existait cependant une lacune en ce qui concerne le management du sport hors du terrain (« off the pitch »), notamment dans les fédérations internationales/continentales. Mon travail a permis de combler ce manque en identifiant le management du football féminin européen comme une référence (« benchmark ») pour d’autres associations internationales, ainsi que de formuler des recommandations pour le moyen à long terme sur ce sujet. De plus, c’est la première fois que la théorie des « Strategic Actions Fields » a été employée dans le contexte du football féminin afin de démontrer les mécanismes de changements sociaux décrits par la théorie.

Quelles pistes auriez-vous souhaité approfondir davantage dans votre mémoire ?

Le mémoire se penche principalement sur le paysage footballistique international et continental. La situation au niveau national n’a pas été examinée, pourtant celle-ci aurait pu enrichir les résultats avec des axes comparatifs pour démontrer, par exemple, si des parallèles existent entre les diverses structures du football féminin au sein des organisations. De plus, la relation entre le management du football féminin et sa gouvernance demeure un sujet peu étudié et qui aurait pu être analysé davantage dans cette étude.  

Comment envisagez-vous la suite de votre parcours professionnel ?

Je travaille depuis 2017 dans le domaine du football masculin, ce qui me plaît énormément. Mais je souhaiterais un jour transitionner vers le football féminin et contribuer au développement de ce sport que j’aime tant. En rédigeant mon mémoire, je me suis fortement identifiée aux expériences des interviewées qui ont toutes vécues des situations similaires aux miennes en grandissant en jouant au foot. Certaines ont exprimé un sens de la responsabilité quant à offrir aux futures générations une meilleure accessibilité au football féminin et plus d’opportunités. Une ambition à laquelle je m’identifie également. En 2025, la Suisse sera le pays hôte de l’Euro féminin ; j’ai hâte de voir l’impact que ce tournoi aura sur le football féminin à domicile.

Publié du 26 septembre 2023 au 31 octobre 2023
par Communication SSP
Visibilité:
archivée