Vice-doyenne à la Recherche et à l’innovation, la professeure Claudia Bagni souhaite notamment intensifier la recherche biomédicale au sein de la Faculté de biologie et de médecine (FBM) de l'UNIL.
Arrivée à Lausanne en 2016, Claudia Bagni a pris les rênes du Département des neurosciences fondamentales (DNF), qu’elle a tenues de 2016 à 2021. Elle a participé à la réorganisation du Département, mettant l’accent sur les synaptopathies, les maladies provoquées par un dysfonctionnement des synapses, ces jonctions grâce auxquelles deux neurones communiquent, avec l’implication aussi des cellules gliales: «Sous cette enseigne commune, nous sommes parvenus à rassembler des thématiques très diverses, avec des laboratoires qui travaillent entre autres sur la maladie d’Alzheimer, la douleur, la dépression et, dans mon cas, l’autisme et l’X fragile», souligne la professeure, elle-même spécialiste de la structure et de la fonction des synapses.
Elle a également piloté la mise sur pied de la plateforme Neuro-Bau, dédiée à l’étude du comportement des rongeurs et son corrélat neuronal. Et dans la mouvance des modèles expérimentaux alternatifs, elle a été depuis 2016 l’armatrice de la plateforme utilisant des drosophiles pour répondre à des questions biomédicales au DNF.
Vice-doyenne à la Recherche et à l’innovation depuis août 2021, elle entend mettre ses talents d’organisation au service de Faculté. Toujours dans les modèles alternatifs, une plateforme dédiée aux organoïdes sera créée au printemps 2023, grâce au soutien de la direction de l’UNIL. Elle sera hébergée au DNF, mais disponible à tous les chercheurs de la FBM. «Je souhaite aussi intensifier la recherche biomédicale, favoriser les liens entre recherche fondamentale et clinique en renforçant les interactions avec nos plateformes technologiques de pointe. Parfois, on a tendance à mettre l’accent sur ce qui sépare les sciences fondamentales et les sciences cliniques, la biologie et la médecine; je vois les choses dans une perspective différente, à la fois dans ma position de vice-doyenne à la recherche, où mon rôle est de représenter tous les scientifiques de la FBM, mais aussi dans ma carrière de chercheuse: je travaille sur l’autisme, mais avec un modèle de drosophiles ainsi que sur des cellules humaines qui proviennent directement de patients. Dès lors, où est-ce que je me situe? Je profite de la richesse de notre Faculté qui permet de travailler sur différents aspects de la recherche biomédicale.»
Renforcer les collaborations, les échanges d'idées et de perspectives, cela revient aussi à susciter les opportunités. Ces opportunités, l’ancienne directrice du DNF les voit notamment dans les neurosciences: «Nous avons une masse critique énorme à la FBM dans ce domaine, avec des expertises et des connaissances profondes du cerveau, de la mouche à l'homme, l'utilisation de différentes méthodologies pour étudier ses fonctions et ses dysfonctionnements, allant de la recherche de base au translationnel, en passant par des solutions tech-oriented. L'un de mes objectifs, partagé avec notre doyen, est de renforcer les stratégies soutenant les approches multidisciplinaires pour étudier et promouvoir la santé mentale; ce faisant, il s’agit aussi de favoriser et d'harmoniser les interactions entre les différents instituts de recherche, ainsi qu’avec les entreprises et fondations à Lausanne, dans la région lémanique et à l'étranger.»
L'importance du transfert technologique
Cela passe aussi par la valorisation du PACTT, l’unité de transfert technologique du CHUV et de l’UNIL. En tant que vice-doyenne, Claudia Bagni siège au comité de pilotage: «D'une part, le PACTT est une force motrice et innovatrice pour la recherche biomédicale et, d'autre part, un élément-clé d'une institution de recherche de haut niveau, car il favorise une pensée innovante ayant un impact sur la société». Au sens métaphorique pour la professeure d’origine italienne, le PACTT est ainsi la fiore all’occhiello de la recherche à la FBM, c’est-à-dire en français, un «fleuron», le «vaisseau amiral».
«Une réflexion autour des données générées par les chercheurs - lorsque cela est possible - devrait être un moteur pour favoriser les interactions avec les entreprises existantes et la création de nouvelles start-ups dans les années à venir. La FBM soutient les activités et la visibilité du PACTT.»
De même, la professeure veut mettre sous les projecteurs les nombreuses plateformes technologiques facultaires qui, du séquençage d’acide nucléique à l’imagerie en passant par l'analyse des protéines et des états métaboliques des cellules, proposent une vaste offre d’outils aux chercheurs. Pour dynamiser les échanges entre les différentes plateformes FBM et être à l'écoute de leurs besoins pour soutenir les scientifiques, le dicastère Recherche et innovation a organisé en décembre 2022 un événement de réseautage, «Nano to Macro», réservé aux chefs de plateforme. C’est la première étape d’une «campagne de visibilité» pour les riches infrastructures de recherche de la FBM, avec un deuxième événement à prévoir d'ici la fin 2023.
Claudia Bagni a aussi à cœur de pousser les carrières féminines, par son exemple certes, mais aussi par diverses initiatives, comme prendre le temps de rencontrer les jeunes professeures, assurer l'équité dans la sélection et l'attribution des subventions, siéger au comité de mentorat pour les jeunes professeures et soutenir les promotions basées sur le mérite. «J’estimerai avoir réussi si, à la fin de mon mandat comme vice-doyenne, les thèmes sur lesquels je travaille sont réalisés ou en cours de réalisation.» La recherche est un domaine très concurrentiel, et la FBM, avec son mix inédit de biologie et de médecine, en accroît encore la complexité. «Nous devons faire face à de nombreux challenges, aplanir certaines difficultés, certaines dues à des raisons historiques. L'équipe du dicastère Recherche et innovation est organisée pour aller de l'avant avec un engagement fort, une vision et de la créativité.»
En plus de ses fonctions de vice-doyenne FBM, la professeure Bagni est membre de prestigieux conseils internationaux pour le financement de la recherche et l'évaluation scientifique d’institutions internationales de recherche. Enfin, ses travaux sur l'autisme et le syndrome de l'X fragile lui tiennent toujours à cœur, comme en témoigne l'activité de son équipe de recherche.