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Mia Gandenberger mène cette recherche doctorale en administration publique au sein de l’Institut de hautes études en administration publique de la FDCA de l'Université de Lausanne.
Dans sa recherche Understanding migrant deservingness in multi-ethnic societies, Mia Gandenberger s’intéresse au rôle du critère de l’identité dans la perception du mérite aux prestations sociales dans des sociétés multiéthniques. En tentant de répondre à plusieurs questions : L’évaluation du mérite aux services sociaux est-elle différente en temps de crise ? Comment le mérite fonctionne-t-il dans le contexte des politiques d’investissement social ? Quel est l’effet du critère d’identité ? Comment l’évaluation du mérite diffère entre les pays ?
De précédentes recherches sur les perceptions du mérite ont identifié un ensemble de critères bien définis qui nous influencent lorsqu’il s’agit de décider qui devrait avoir ou non accès à une prestation sociale. Il s’agit du besoin, de l’identité, du contrôle, de l’effort et de la réciprocité. Elles ont montré que les personnes migrantes sont régulièrement perçues comme moins méritantes aux aides et services sociaux que les personnes citoyennes. Et l’on a parfois qualifié cela de « peine insurmontable pour les immigrants » (Reeskens & van der Meer, 2019).
La recherche de Mia Gandenberger se focalise sur le fonctionnement du critère d’identité dans la perception du mérite aux prestations des Etats sociaux, comme par exemple les indemnités chômage. Pour cela, elle a utilisé deux méthodes d’analyse quantitative ; l’analyse conjointe et l’analyse factorielle. Il s’agit de soumettre de brèves descriptions d’individus fictifs demandant l’accès à une prestation à un échantillon de la population. Les personnes interrogées doivent ensuite évaluer le mérite aux prestations sociales des individus présentés dans la fiche. Pour identifier le rôle et l’impact du critère de l’identité, la description des individus fictifs spécifie et fait varier des éléments comme l’âge, le genre, la profession ainsi que l’origine et la durée de séjour.
Ses résultats mettent en évidence que le critère de l’identité influence bel et bien l’évaluation du mérite peu importe la politique sociale en question et le contexte (normal vs. crise) et que son rôle et ses effets sont bien plus complexes que ce qui avait été compris auparavant. La peine n’est pas forcément insurmontable pour les personnes d’origine étrangère et le mérite des citoyennes et citoyens est plus nuancé et pas automatique.
En temps de crise, la solidarité avec les personnes dans le besoin reste conditionnelle malgré la situation d’urgence et les personnes d’origine étrangère restent perçues comme moins méritantes. C’est ce qu’ont observé Mia Gandenberger, Giuliano Bonoli (IDHEAP), Carlo Knotz (Université de Stavanger, Norvège) et Flavia Fossati (IDHEAP) dans l’étude « Conditional Solidarity – Attitudes Towards Support for Others During the 2020 COVID-19 Pandemic ».
Dans les politiques d’investissement social, et notamment le mérite perçu à l'attribution de places de crèches subventionnées, Mia Gandenberger (avec Giuliano Bonoli et Carlo Knotz) a observé que ce sont surtout le critère du besoin et celui de l’identité qui comptent dans l’évaluation du mérite. Le mérite perçu pour l’attribution de places de crèches est ainsi moindre pour les personnes d’origine étrangère, d’autant plus lorsque les places sont rares. Ces inégalités dans la perception du mérite peuvent avoir des conséquences politiques et par la suite des répercussions importantes pour les familles d’origine étrangère parce qu’elles peuvent entraver leur accès au marché du travail mais aussi l’intégration de enfants en raison de la fonction de sociabilisation de ces institutions.
Ses résultats sont particulièrement pertinents pour les décideurs et décideuses politiques des pays qui reçoivent des personnes migrantes et qui doivent proposer des prestations sociales performantes bénéficiant du soutien des citoyennes et citoyens. En effet, les recherches de Mia Gandenberger ont démontré que les inégalités de mérite perçu étaient présentes même aux soins intensifs pendant la crise du COVID-19. Il existe donc des différences entre les perceptions des gens et les politiques réellement appliquées dans les hôpitaux (qui sont basés sur des délibérations éthiques). Ce qui pose un défi de communication publique important.
Mia Gandenberger est affiliée au Pôle de recherche national (PRN) consacré aux études sur la migration et la mobilité nccr-on the move. Elle mène cette recherche doctorale à l’IDHEAP sous la direction du professeur Giuliano Bonoli. La soutenance est prévue pour le 27 janvier 2023.