Une étude internationale, à laquelle des scientifiques de la Faculté de biologie et de médecine (FBM) de l’UNIL ainsi que du CHUV ont participé, démontre comment l’ocytocine, une hormone synthétisée au sein de l’hypothalamus, contrôle nos émotions. Celle-ci est détectée par les astrocytes ("astro" - étoile et "cyte" - cellule), des cellules gliales encore peu étudiées, qui coordonnent et amplifient son action au sein du réseau neuronal pour diminuer l’anxiété et promouvoir notre bien-être. Ces résultats sont détaillés dans l’édition du 15 février 2021 de la revue "Nature Neuroscience".
Le cerveau est composé de centaines de milliards de cellules, notamment des neurones et des cellules gliales. Bien qu’initialement considérées comme de simples soutiens aux neurones, on assiste actuellement à un changement de paradigme: les cellules gliales, et plus particulièrement les astrocytes, collaborent étroitement avec les neurones pour traiter l’information sensorielle et émotionnelle. Ainsi, des substances neuroactives peuvent être détectées par les astrocytes, c’est le cas pour les neurotransmetteurs « classiques », tels le glutamate ou l’adrénaline. Cependant, la participation des astrocytes dans la modulation des émotions par des neurohormones, telles que l’ocytocine, restait drapée de mystère.
L’ocytocine stimule directement les astrocytes
Une étude parue dans Nature Neuroscience le 15 février 2021 met en évidence que les astrocytes peuvent détecter la présence de l’ocytocine. Ce petit peptide de 9 acides aminés est connu pour ses fonctions dans la régulation des émotions comme la douleur, la peur ou encore le lien social, promouvant le bien-être de manière générale. Jusqu’ici, les scientifiques pensaient que les effets de l’ocytocine étaient uniquement médiés par son action directe sur les neurones. En étudiant son effet au sein de l’amygdale, une structure présente à double dans le cerveau (à proximité des oreilles), les auteurs ont découvert que l’ocytocine stimule une sous-population spécifique d’astrocytes, qui sécrète ensuite un messager augmentant l’activité des neurones. Ceci provoque une diminution de l’anxiété et une sensation de bien-être chez le rongeur.
En plus d’identifier un nouvel acteur dans la signalisation de l’ocytocine au sein du cerveau, l’équipe étaye la théorie selon laquelle les neurones et les astrocytes seraient des canaux de communication complémentaires : les influx électriques portés par les neurones sont rapides et localisés tandis que les signaux astrocytaires sont longs et diffus, expliquant ce sentiment persistant de bien-être induit par l’ocytocine.
Plusieurs scientifiques de la FBM et du CHUV ont participé à cette étude internationale, dirigée par le DrSc. Alexandre Charlet, ancien postdoctorant au Centre des neurosciences cliniques du CHUV, actuellement chargé de recherche à l’Institut des neurosciences cellulaires et intégratives du CNRS, à Strasbourg. Parmi eux, la Pre Isabelle Decosterd (Centre d’antalgie du CHUV et Département des neurosciences fondamentales FBM-UNIL), le Pr Jean-Yves Chatton (Département des neurosciences fondamentales FBM-UNIL), le Pr Ron Stoop et le DrSc. Benjamin Boutrel, tous deux au Centre des neurosciences psychiatriques du CHUV.