Le projet Pompéi de l'Institut d'archéologie et des sciences de l'Antiquité de l'UNIL se poursuit avec succès

Huit étudiantes en Lettres réalisent actuellement un stage dans la mythique cité antique. Objectif: étudier les fragments de peintures murales de la Maison des Peintres au travail. Une expérience rendue possible grâce à un partenariat entre le Parc archéologique de Pompéi et l’Université de Lausanne signé en 2018.

Sora Urfer, Amélie Mazzoni et Alexandra Spühler. Photo: Michel E. Fuchs © IASA UNIL

Ce mois d’août, une équipe de huit étudiantes de l'Institut d'archéologie et des sciences de l'Antiquité de l’Université de Lausanne, sous la direction du Prof. Michel E. Fuchs et de la doctorante Alexandra Spühler, se retrouve à Pompéi pour se pencher sur les fragments de peintures murales de la Maison des Peintres au travail. Un atelier y était à l’œuvre au moment de l’éruption du Vésuve, le 24 octobre 79 après J.-C. suivant la nouvelle datation admise aujourd’hui.

Le team suisse, comme l’appellent les gardiens du Parc archéologique de Pompéi, est à l’œuvre depuis dix jours et le sera jusqu’à la fin du mois d’août. Il a amélioré l’organisation des locaux et la distribution des tâches fait merveille, permettant d’assurer la recomposition de deux décors sur l’ensemble des fragments qui ont été confiés aux picturalistes (ou toichographologues) suisses. Toutes les précautions sanitaires ont été prises, d’autant plus dans une région comme la Campanie moins touchée par le coronavirus que les autres et qui fait très attention au respect des normes édictées par le gouvernement italien ; cela n’est pas sans répercussion sur le tourisme, fort autour du Vésuve, et l’économie locale.

L’équipe, de gauche à droite : Alexandra Spühler (doctorante) avec les étudiantes, Amélie Mazzoni, Allison Galimberti, Francesca Virgillo, Aline Crotti, Sora Urfer, Moana Muschietti, Elena Quintela Mimet, Amandine Mochamps. Photo: Michel E. Fuchs © IASA UNIL

Un premier décor se définit comme un réseau d’animaux naturels ou fantastiques volant en diagonales sur un fond blanc ponctué de filets tressés rouges et de fleurons bleus ou rouges aux intersections, formant des compartiments carrés enjolivés de quarts de cercles verts ornés de rosettes bleu-vert dans les angles. Son mortier posé sur des bottes de roseaux, la fresque recouvrait la voûte d’une pièce qui vient d’être définie dans la Maison des Peintres au travail grâce à la concordance trouvée entre les éléments conservés sur place et ceux étudiés par le team. Des oiseaux jaunes, des cygnes bleu-vert, des griffons rouges tournoyaient donc sur la tête de ses habitants. Un accent particulier a été mis cette année sur les connexions entre les deux décors recomposés et leur jonction avec les parois de la pièce qu’ils recouvraient, jonction régulièrement ponctuée de corniches en stuc.

Le deuxième décor en cours de recomposition est aussi un plafond, plus complexe, laissant place à un médaillon central entouré de guirlandes et de bandes rouges circulaires et vertes quadrangulaires ; des cygnes aux ailes éployées occupent les écoinçons et des sphinges miniatures font la transition avec des tableaux entourés de feuilles vertes et blanches couvrant un cadre brun. Des masques dits lunaires rehaussent les angles de cette surface légèrement incurvée qui s’insère dans des plates-bandes que garnissent des bustes de Saisons. L’Automne disparaît sous les feuilles de vigne, l’Hiver se renfrogne sous son voile, le Printemps s’éclaire d’yeux bleus et l’Eté nous sourit au milieu des céréales.

Allison Galimberti et le Prof. Michel E. Fuchs. Photo: Alexandra Spühler © IASA UNIL

Au vu de la qualité des motifs et de la possibilité avérée de les remonter, le Parc Archéologique de Pompéi et son directeur, le Prof. Massimo Osanna, ont permis à l’équipe lausannoise d’investir la Maison même des Peintres au travail. Des mesures ont été prises. Nombre de photographies sont venues renforcer les hypothèses de provenance des plafonds à l’étude.

Ce qui paraissait difficile à concevoir lors de la première approche du matériel peint de la Maison est en train de prendre une tournure qui conduira à la mise sur panneaux restaurés des décors étudiés.

La collaboration active entre étudiantes ayant accompli au moins une année d’étude des peintures murales romaines sous forme de travaux pratiques à l’IASA et deux spécialistes reconnus dans le domaine porte ses fruits. La recherche sur les peintures pompéiennes fragmentaires a encore de beaux jours devant elle. Les étudiantes lausannoises à Pompéi cet été, Aline Crotti, Allison Galimberti, Amélie Mazzoni, Amandine Mochamps, Moana Muschietti, Elena Quintela-Mimet, Sora Urfer et Francesca Virgillo, sont aujourd’hui convaincues de la nécessité de poursuivre l’entreprise. Le futur du projet pompéien de l’IASA ne les contredira pas, à l’ombre du Vésuve.

Publié du 24 août 2020 au 24 octobre 2020
par Communication Lettres
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