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Elodie Lefrançois mène cette recherche doctorale en science forensique au sein de l’Ecole des sciences criminelles de la FDCA de l’Université de Lausanne.
C’est pour son travail de Master déjà, qu’Elodie Lefrançois a l’idée d’analyser des seringues usagées. Une idée qui germe alors qu’elle assiste à la présentation d’une étude sur les traces de médicaments dans des matrices biologiques (sang, urine, etc.) au cours d’une traditionnelle journée d’échanges entre l’Ecole de sciences criminelles (ESC) et le Centre universitaire romand de médecine légale (CURML). En 2016, pour son travail de Master, elle analyse une série de seringues usagées collectées à Lausanne pour savoir quels stupéfiants y sont consommées. Les résultats obtenus connaissent un certain retentissement, lui attirent de nombreux contacts et lui donnent envie d’élargir sa recherche dans un travail de Doctorat, co-dirigé par Pierre Esseiva, professeur à l’ESC, et Marc Augsburger, directeur de l’Unité de toxicologie et chimie forensiques (UTCF) du CURML.
Pour sa recherche doctorale, Elodie Lefrançois a donc élargi la zone géographique des prélèvements et réalisé plusieurs campagnes périodiques. Grâce aux contacts liés pour son mémoire, Elodie Lefrançois a également pu inclure sa recherche dans une étude européenne de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) conduite par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Ce projet, European Syringe Collection and Analysis Project Enterprise (ESCAPE), est mené depuis 2016 dans neufs villes européennes. En étant impliquée dès le début, Elodie Lefrançois a participé à l’élaboration de la méthodologie. Elle peut donc comparer les données qu’elle récolte en Suisse avec d’autres données européennes de même qualité.
Pour sa recherche, Elodie Lefrançois a réalisé une dizaine de campagnes de collecte de seringues usagées à Genève et à Lausanne et analysé plus de 1715 seringues usagées et matériel d’injection. Les lieux de collecte sont des structures où les personnes dépendantes viennent échanger le matériel usagé contre du neuf, des locaux d’injection ou des distributeurs automatiques. L’analyse de ces seringues permet de déterminer le type de substances consommées en un lieu et d’observer dans le temps des évolutions ou l’apparition de nouveaux produits qui pourraient présenter un risque. Ces analyses peuvent également être mises en perspective avec des entretiens semi-directifs d’usagers mais aussi avec d’autres données sur les eaux usées par exemple ou des données liées au marché des stupéfiants.
La recherche d’Elodie Lefrançois se distingue par un fort ancrage international, puisqu’en plus d’avoir été intégrée à une étude européenne de grande envergure, elle a également permis de nouer des contacts en Australie. Elodie Lefrançois a ainsi pu déployer son approche dans un espace de consommation sécurisé à Sydney et a pu comparer ses résultats non seulement avec des données européennes mais aussi avec celles d’une grande ville peut-être plus influencée par les pratiques nord-américaines en matière de consommation de stupéfiants.
Ce projet de recherche a bien entendu continué durant la période de pandémie que nous vivons. Il a notamment contribué à mettre en évidence que le confinement ou la fermeture des frontières ont des impacts très limités sur le marché des stupéfiants. Lire le rapport.