Des graffitis antiques sous la basilique

L’UNIL a été intégrée au projet « Fouilles de l’ancienne cité de Smyrne », en Turquie. Les résultats de cette première semaine sont là et l’expérience sera reconduite à l’été 2020.

Alison Giavina annote un dessin sur nappe plastique dans la galerie sous la basilique de Smyrne. © IASA, L. Glardon

Principal site archéologique en cours de fouille dans l’actuelle Izmir, en Turquie, l’agora de Smyrne était la place centrale de cette cité antique, la plus belle ville de la Méditerranée selon le géographe Strabon. Dégagée dans les années 1930, l’agora montre aujourd’hui deux de ses côtés où s’alignent les colonnes d’un portique et d’une vaste basilique. Détruite par un tremblement de terre, l’agora fut reconstruite avec le soutien de l’empereur Marc Aurèle (121 – 180 ap. J.-C.) ; la tête ornant la porte Ouest est d’ailleurs celle de Faustine la Jeune, son épouse. L’UNIL est associée aux récents travaux qui révèlent le visage pris par cette ville du Ier siècle ap. J.-C. à l’époque byzantine.

Des félins et des phallus

Sous la basilique, piliers et arcades ont été conservés et, fait exceptionnel, les archéologues ont découvert un ensemble impressionnant de graffitis au charbon ou incisés qui évoquent cette société à travers des bateaux, des gladiateurs, des félins, des oiseaux, des poissons, des têtes d’hommes et de femmes, ainsi que des inscriptions qui charrient des invectives, des phallus et même des ex-voto remerciant une guérison ; les yeux, en particulier, sont souvent cités ou représentés et on sait que le fameux médecin grec Galien a séjourné à Smyrne pour y parfaire ses connaissances médicales dont celle des soins oculaires.

Une semaine en juillet

Les études faites autour des graffitis de l’agora ne sont pas légion ; une publication récente porte sur les inscriptions, sous la direction de l’épigraphiste Robert Bagnall, professeur émérite de l’Université de New York, et d’Akın Ersoy, directeur des fouilles d’Izmir. C’est là qu’intervient l’Institut d’Archéologie et des Sciences de l’Antiquité (IASA) de l’UNIL, où le professeur Michel E. Fuchs a été appelé à faire un relevé graphique effectué sur les lieux mêmes (en complément de la couverture photographique), au sein de l’équipe dirigée par Akın Ersoy de l’Université Dokuz Eylül. Un travail réalisé avec Alison Giavina, récente diplômée de l’UNIL, et Laurène Glardon, étudiante de master en Sciences de l’Antiquité.

Plusieurs découvertes

Les Suisses viennent de passer une semaine le nez collé aux parois et aux piliers d’un secteur seulement de la galerie souterraine (ou cryptoportique) de l’agora. Le dessin est réalisé sur nappe plastique avec un feutre à alcool permanent ; des photos complètent régulièrement les relevés. Les résultats ne se sont pas faits attendre : des inscriptions supplémentaires apparaissent, de nouvelles lectures s’imposent, des figures estompées se révèlent, le contexte s’éclaire. Si bien que le professeur Ersoy attend maintenant la suite de l’opération avec impatience.

Les membres de l’IASA, renforcés en 2020, poursuivront leur tâche avec enthousiasme grâce notamment aux conditions de collaboration offertes par l’équipe turque, dans le cadre du projet « Fouilles de l’ancienne cité de Smyrne » accepté par le Ministère de la Culture et du Tourisme de la République de Turquie.

Publié du 23 juillet 2019 au 31 août 2019
par Nadine Richon / Unicom
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