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Après plus de cent ans de recherches, une équipe de l’Ecole suisse d’archéologie en Grèce a enfin découvert le sanctuaire d’Artémis Amarysia à Amarynthos en collaboration avec le service archéologique d’Eubée.
L’équipe des archéologues gréco-suisses dirigée par le Professeur Karl Reber de l’Université de Lausanne, Directeur de l’Ecole suisse d’archéologie en Grèce, assisté par Thierry Theurillat (UNIL) et Tobias Krapf (Université de Bâle), a commencé en 2007 à sonder plusieurs terrains au pied de la colline Paleoecclésies à l’est du village moderne d’Amarynthos. Les premiers résultats étaient prometteurs : un portique monumental du 4e s. av. J.-C. allongeait les côtés est et nord du sanctuaire. Dans la campagne de cet été, les archéologues gréco-suisses ont fait plusieurs sondages dans l’espace délimité par ces portiques pour trouver le cœur du sanctuaire et les derniers indices prouvant qu’il s’agit effectivement du sanctuaire d’Artémis Amarysia. Et cette fouille a été couronnée d’un succès surprenant : on n’ y a pas seulement trouvé toute une série de bâtiments de différentes époques (6ème – 2ème s. av. J.-C.), mais aussi une fontaine souterraine qui a été construite avec des blocs architectoniques et des bases de monuments réutilisées. Et ce sont ces bases qui ont finalement donné la clé pour l’identification du sanctuaire, car les inscriptions qui se trouvaient sur ces bases sont des dédicaces à la déesse Artémis, à son frère Apollon et à sa mère Léto.
La richesse de ces trouvailles et notamment les inscriptions ne laissent aucun doute sur le fait qu’il s’agit du sanctuaire d’Artémis. Cette interprétation se voit confirmée par une trouvaille à première vue modeste, mais fort intéressante : il s’agit de plusieurs tuiles estampillées avec un cartouche qui porte le nom « Artemidos » (de l’Artémis). Les bâtiments qui ont été couverts par ces tuiles appartenaient donc à la déesse Artémis. Plus d’une centaine d’années après les premières recherches, les archéologues gréco-suisses ont enfin réussit à sortir le sanctuaire d’Artémis Amarysia de terre.
L’Ecole suisse d’archéologie en Grèce
En 1964, sur invitation du service archéologique grec, une équipe d’archéologues suisses ont commencé à fouiller le site antique d’Erétrie sur l’île d’Eubée. Onze ans plus tard, en 1975, cette mission archéologique a reçu le statut officiel d’« Ecole suisse d’archéologie en Grèce » (ESAG), accrédité par le ministère grec de la culture. Le siège de l’ESAG se trouve à Athènes et à l’Université de Lausanne.
En 2014, l’ESAG a fêté les 50 ans de fouilles suisses à Erétrie. Au cours de cette période, les archéologues suisse ont dégagés des bâtiments importants de cette ville antique : le temple d’Apollon, le sanctuaire d’Athéna, un théâtre, les fortifications et la porte ouest de la ville, des habitations luxueuses – entre autres la fameuse maison aux mosaïques – et tout récemment des thermes romains et un gymnase à deux palestres. L’ESAG a aussi construit une extension du Musée archéologique local.
Depuis quelques années, les chercheurs de l’ESAG ont aussi commencé à s’intéresser au territoire contrôlé par la ville d’Erétrie. Dans ce territoire se trouvait le sanctuaire principal de l’île, dédié à Artémis Amarysia selon les sources écrites. En 2007, l’ESAG a commencé, avec le service archéologique de l’île d’Eubée, une collaboration ayant pour but de retrouver ce sanctuaire. Ces recherches sont financées par le Fonds national de le recherche Suisse, par le secrétariat d’Etat de Formation, Recherche et Innovation (SEFRI), par la Fondation Isaac Dreyfus-Bernheim, par la Fondation de Famille Sandoz et par la Fondation de l’ESAG.
Karl Reber, Directeur de l’ESAG, Directeur du projet et Professeur à la Section d'archéologie et des sciences de l'Antiquité de la Faculté des lettres (UNIL)
Amalia Karapaschalidou, ancienne directrice du service archéologique de l’Eubée
Denis Knoepfler, Professeur honoraire de l’Université de Neuchâtel et du collège de France, conseiller scientifique
Tobias Krapf, Secrétaire scientifique de l’ESAG en Grèce, directeur du chantier
Thierry Theurillat, Secrétaire scientifique de l’ESAG en Suisse, co-directeur de chantier