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Le professeur Patrick Clastres est le commissaire d’une exposition sur l’univers olympique organisée par la Mairie de Paris et inaugurée cette semaine. A voir jusqu’au 13 septembre 2017.
Historien du monde olympique, Patrick Clastres, auteur notamment d’une biographie politique de Pierre de Coubertin, propose à Paris, sur les grilles de l’Hôtel de Ville, une exposition photographique consacrée aux premières éditions des jeux olympiques sous leur forme moderne, en particulier celle de 1924.
Pourquoi cette année-là ? « En arrière-plan, il y a bien sûr la candidature parisienne pour les jeux de 2024, mais c’est surtout l’occasion de montrer combien la planète olympique peut être à la fois en avance et en retard sur la marche du monde », relate le professeur et directeur du Centre d’études olympiques & de la globalisation du sport à la Faculté des sciences sociales et politiques de l’UNIL.
L’exposition replace donc les jeux parisiens dans le cadre d’une histoire mondiale accélérée par les progrès technologiques et les avancées démocratiques. Dans les années 1920, l’amateurisme olympique imposé par les membres du CIO fonctionne encore comme une barrière de classe et de genre. Les ouvriers et les sportives, les étudiants également, en viennent à organiser leurs propres compétitions internationales, une réalité méconnue dont témoigne aussi cette exposition. Des femmes, pourtant, brillent déjà lors de ces JO 1924, comme la nageuse New-Yorkaise Gertrude Ederle, qui sera en 1926 la première femme à traverser la Manche à la nage. Ou encore, avec sa raquette de tennis, la Californienne Helen Wills…
Le parcours présenté par Patrick Clastres offre en outre une dimension patrimoniale puisque nombre de sites olympiques toujours utilisés aujourd’hui ont été disséminés dans Paris, ses banlieues et en régions. L’accueil de près de 6000 athlètes représentant officiellement 45 pays, sans compter les peuples africains et asiatiques alors soumis à l’ordre colonial, fait de cette édition 1924 un événement international majeur. Pourtant, note l’historien, l’époque accorde alors plus d’importance médiatique (hormis dans la presse spécialisée) à l’occupation intégrale de la Ruhr par l’armée française en janvier 1923 ou à l’arrivée au pouvoir du Cartel des gauches en mai 1924, deux événements dont l’écho tend à s’estomper presque cent ans après.
Grâce au choc des photos et du cinéma, nos mémoires se souviennent sans doute mieux de celui qui allait devenir Tarzan à compter de 1932, le nageur apatride (il était né en Autriche-Hongrie) Johnny Weissmuller, bientôt naturalisé américain. Ou peut-être encore du coureur de fond Paavo Nurmi, surnommé le « Finlandais volant », seul athlète à avoir cumulé autant de médailles dans cette discipline jusqu’à l’arrivée d’un certain Carl Lewis.