Les professeures Julia Santiago Cuellar, au Département de biologie moléculaire végétale, et Vassiliki Nikoletopoulou, au Département des neurosciences fondamentales de l’UNIL, reçoivent toutes deux un SNSF Consolidator Grant du Fonds national suisse. Côté scientifiques juniors, la FBM accueille cette année trois récipiendaires de subsides Ambizione: Giulia Bommarito, Gabriela Desdín Micó et Stergios Tsartsalis.
Deux SNSF Consolidator Grants 2023 viennent saluer l’excellence des travaux des professeures Julia Santiago Cuellar et Vassiliki Nikoletopoulou. Ces subsides pour chercheuses et chercheurs en phase de consolidation de carrière ont été accordés par le Fonds national suisse (FNS) durant la période où les prestigieux ERC Consolidator Grants n'étaient pas accessibles pour les institutions suisses. Ils soutiendront les projets des deux récipiendaires pour une durée de cinq ans, avec un montant total dépassant les CHF 4,2 millions.
Déchiffrer la messagerie interne des plantes
Julia Santiago Cuellar est professeure associée au Département de biologie moléculaire végétale (DBMV) de la Faculté de biologie et de médecine de l’UNIL. Spécialiste des voies de signalisation, elle cherche à mieux comprendre comment les cellules des plantes communiquent entre elles et réagissent aux signaux extérieurs, par exemple pour grandir, pour se défendre contre les attaques de pathogènes ou pour s’adapter aux changements dans leur environnement.
Intitulé «PINTRASIG (Plant Intracellular Signaling Mechanisms)», son projet financé par un SNSF Consolidator Grant a démarré le 1er août 2024. Il vise à explorer comment les informations extérieures sont transmises à l'intérieur des cellules des plantes pour déclencher la bonne réponse. L’équipe de la professeure Santiago Cuellar adoptera une approche multidisciplinaire intégrant des techniques biochimiques pour analyser la structure et les interactions des protéines. En outre, elle fera appel à des techniques de microscopie à haute résolution pour étudier l’organisation spatiale des molécules à l’intérieur des cellules. À terme, l’objectif de cette recherche est d’améliorer le développement des cultures végétales dans une optique plus durable, par exemple en créant des plantes qui produisent davantage de nourriture, sont plus robustes et résistent mieux aux défis environnementaux.
Le SNSF Consolidator Grant, doté de plus de CHF 1,9 millions, permettra à la biologiste originaire d’Espagne et ancienne lauréate d’une bourse Ambizione du FNS (2015) ainsi que d’un ERC Starting Grant du Conseil Européen de la Recherche (2016), à agrandir son équipe et à diversifier sa gamme d’équipements, afin de s’attaquer à des questions moléculaires inédites.
Du recyclage pour la santé cellulaire
Vassiliki Nikoletopoulou est professeure assistante en prétitularisation conditionnelle au Département des neurosciences fondamentales (DNF) de la Faculté de biologie et de médecine de l’UNIL. Neuroscientifique spécialisée dans les mécanismes assurant le maintien et le rajeunissement des cellules cérébrales, elle s'intéresse plus particulièrement à l'étude de l'autophagie, un processus de recyclage moléculaire essentiel dans la prévention des maladies du cerveau.
Intitulé «Autophagic regulation of protein translation machineries in the brain», son projet soutenu par un SNSF Consolidator Grant débutera le 1er janvier 2025. Il a pour objectif de caractériser comment les molécules constituant la machinerie cellulaire responsable d’assembler de nouvelles protéines dans le cerveau, notamment l'ARN et les ribosomes, sont régulées par l'autophagie. Facteur clef dans la régulation du cycle de vie des protéines, ce processus joue un rôle important dans la communication entre les cellules cérébrales. En approfondissant la compréhension de la manière dont l'autophagie protège la production de biomolécules dans cet environnement unique, cette recherche ouvrira la voie à de nouvelles pistes pour améliorer la santé du cerveau.
La chercheuse au parcours scientifique à cheval entre la Grèce et la Suisse a déjà décroché un ERC Starting Grant en 2017. Grâce au SNSF Consolidator Grant, qui s’élève à plus de CHF 2,2 millions, elle pourra non seulement renforcer son équipe de recherche, mais aussi acquérir un microscope de pointe pour l'imagerie en temps réel à long terme des cellules cérébrales.
La FBM compte par ailleurs trois récipiendaires de subsides Ambizione: Giulia Bommarito, Gabriela Desdín Micó et Stergios Tsartsalis ont tous trois été retenu·es par le FNS grâce à la qualité de leurs travaux. Les subsides Ambizione visent à soutenir les chercheuses et chercheurs en début de carrière qui souhaitent réaliser, gérer et diriger un projet de manière autonome. Doté d’un montant d’environ CHF 1 million par projet sur une période de quatre ans, ce programme permet aux bénéficiaires de faire leurs premiers pas vers l’indépendance scientifique.
Giulia Bommarito a reçu un subside de CHF 993’731 pour son projet intitulé «Tackling emerging pathogenic players across main disorders leading to dementia: an MRI and pathology study». Celui-ci débutera le 1er mai 2025 au Centre Leenaards de la Mémoire du Département des neurosciences cliniques du CHUV.
Neurologue et titulaire d'un doctorat en neurosciences cliniques, Giulia Bommarito a effectué sa formation entre l'Italie, les États-Unis et la Suisse, en développant une expertise sur la neuroimagerie dans les maladies neuroinflammatoires et neurodégénératives. En 2024, elle rejoint le Centre Leenaards de la Mémoire au CHUV en tant que cheffe de clinique. Convaincue de l’importance des collaborations dynamiques, c’est cet environnement multidisciplinaire qu’elle choisit pour poursuivre ses recherches.
Son projet Ambizione portera sur le rôle de différents acteurs dans le développement des troubles cognitifs menant à la démence, en particulier la maladie d'Alzheimer. Dans cette optique, Giulia Bommarito étudiera, à travers des techniques avancées de résonance magnétique, les réactions inflammatoires du cerveau, dites «neuroinflammation», et le rôle de cette dernière dans la détérioration progressive des fonctions cérébrales. Elle s’intéressera également aux interactions entre différentes maladies neurodégénératives, un sujet d’actualité crucial. Bien que les premiers médicaments prometteurs pour ralentir la progression de la maladie d'Alzheimer aient été approuvés, les connaissances sur les mécanismes de la maladie et le fonctionnement de ces nouveaux traitements restent encore limitées. Avec son travail, la chercheuse vise à mieux comprendre ces mécanismes et identifier les patient·es qui pourraient mieux bénéficier de ces traitements.
Gabriela Desdín Micó démarrera le 1er septembre 2025 au Département des sciences biomédicales (DSB) de l'UNIL son projet intitulé «Rejuvenating hematopoietic stem cells through partial in vivo reprogramming for improved functionality in aging and bone marrow failure syndromes», financé à hauteur de CHF 906’778.
La chercheuse d’origine cubaine est spécialiste du vieillissement du système sanguin. Elle cherche à découvrir de nouveaux moyens pour ralentir le processus de vieillissement des cellules immunitaires qui entraîne une détérioration de leur fonction. En développant des stratégies pour freiner ce déclin avec l’âge, elle vise notamment à améliorer la capacité de régénération et la fonction des cellules souches du sang.
Dans le cadre de son projet Ambizione, elle explore une technique appelée «reprogrammation partielle». Cette méthode vise à ralentir le vieillissement des cellules et des tissus dans le but de réduire les dommages liés à l'âge tout en conservant les fonctions normales des cellules. Elle consiste à activer temporairement des gènes spécifiques pour retarder certains signes de vieillissement. L’objectif de Gabriela Desdín Micó est d’ainsi développer des stratégies thérapeutiques translationnelles et économiques permettant d’améliorer la santé des cellules sanguines, qui pourraient également être appliquées à d’autres organes au futur.
Stergios Tsartsalis rejoint la FBM pour le projet intitulé «A translational assessment of central nervous system innate immunity to identify how social support and oxytocin interact to protect against Alzheimer’s disease», dont le financement s’élève à CHF 960’562 et qu’il mènera dès le 1er novembre 2024 au Centre de neurosciences psychiatriques (CNP) CHUV-UNIL.
Avec une triple casquette de neuroscientifique, psychiatre et psychothérapeute, Stergios Tsartsalis renforcera le hub de recherche lausannois. Riche d’un parcours scientifique-clinique entre Thessaloniki, Londres et Genève, il occupait, depuis 2021, le poste de chef de clinique scientifique au Département de psychiatrie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Spécialiste des rôles du système immunitaire dans les maladies du cerveau, il s’intéresse plus spécifiquement à l’impact de notre environnement et de nos relations sociales sur ces pathologies.
Dans cette perspective, son projet cherche à comprendre comment la solitude augmente le risque de maladie d’Alzheimer, notamment à travers un état d'«hypervigilance» induit chez les cellules immunitaires du cerveau appelées microglies. Cette recherche répond à l’un des plus grands défis de santé publique reconnu depuis la pandémie du COVID : la dite «pandémie de solitude». En explorant comment la solitude peut freiner les cellules microgliales dans leur capacité de protéger le cerveau contre le développement de la maladie d’Alzheimer, le Dr Tsartsalis vise à contribuer au développement de stratégies pour combattre ce sentiment et ses effets néfastes sur la santé.
Prochains délais de soumission:
Point de contact pour les financements européens individuels à l'UNIL:
Euresearch UNIL/CHUV
Anne-Emmanuelle de Crousaz (email)
unil.ch/euresearch