L’Université de Lausanne constate une diminution du nombre d’animaux utilisés pour la recherche en 2023 par rapport à l’année précédente. Cette baisse s’explique notamment par des efforts accrus pour intégrer le principe des 3R à toutes les étapes de la démarche scientifique. Point de situation sur le remplacement, la réduction et le raffinement à l’UNIL et au CHUV.
Une diminution de 10%, c’est ce que constate l’UNIL quant au nombre d’animaux utilisés dans l’expérimentation en 2023 par rapport à l’année précédente. C'est le chiffre le plus bas depuis sept ans, à l’exception de 2020 marquée par une réduction significative du nombre d’animaux impliqués dans des expériences, en raison de l’arrêt prolongé des activités de recherche dans plusieurs domaines pendant la pandémie de Covid. De plus, en 2023, suivant la tendance au niveau suisse (voir le Rapport sur la statistique de l’expérimentation animale de l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires - OSAV), l’UNIL observe de plus une diminution du nombre d’animaux ayant subi des expériences avec des contraintes sévères (degré de sévérité 3) à 8%. Une baisse qui prolonge la tendance amorcée l'année précédente.
Au total, 48’061 animaux ont été nécessaires pour les recherches scientifiques menées l’année passée à l’UNIL et au CHUV. Comme les années précédentes, plus de 91% sont des souris (43'903), suivi par les rats (1487), les poissons* (985) et les oiseaux* (914), pour citer les groupes les plus importants. Parmi les thématiques de recherche, l’oncologie est toujours le domaine utilisant le plus d’expériences in vivo. «La recherche portant sur les maladies humaines constitue le principal sujet d’étude dans lequel des animaux sont nécessaires, représentant 91% des expériences en 2023, explique Laure Seriot, directrice de l’expérimentation animale UNIL-CHUV. Néanmoins, il est important de souligner que les chiffres englobent également des études sur des animaux sauvages en liberté, avec un intérêt particulier pour leur santé. Par exemple, 605 chauves-souris figurent dans nos statistiques de cette année; elles sont étudiées sur le terrain pour mieux comprendre la transmission des parasites au sein de cette espèce.»
Une diminution multifactorielle
Selon Laure Seriot, la baisse significative du nombre d’animaux en expérimentation, toutes espèces confondues, s’explique par plusieurs facteurs. «D'une part, nous avons eu plusieurs groupes de recherche s’appuyant fortement sur l'expérimentation animale qui ont cessé leurs activités pour diverses raisons, par exemple le départ à la retraite des responsables de groupe», explique la vétérinaire. De tels changements ont eu un impact sur le paysage des domaines de recherche à l’UNIL et au CHUV, et donc sur le type de modèles employés pour répondre aux questions scientifiques. Cela concerne principalement les souris et les rats, avec une diminution de 20% pour ces derniers par rapport à 2022. D’autres facteurs liés aux fluctuations dans la planification des expériences ont également contribué à la réduction de certaines espèces, notamment de poissons sauvages, échantillonnés à plusieurs endroits en Suisse dans le cadre des suivis à long terme des populations.
«Cependant, nous observons sans doute des changements dans la conception des expériences ayant recours à des animaux, nos scientifiques redoublant leurs efforts pour programmer des expériences avec le strict minimum d’animaux nécessaires pour répondre à une question de recherche», souligne Laure Seriot. Elle est ainsi convaincue que les chiffres de 2023 témoignent du soutien croissant de la Faculté de biologie et de médecine (FBM) de l’UNIL au principe des 3R: remplacer, réduire et raffiner l’expérimentation animale.
L’intégration des 3R porte ses fruits
En tant que membre fondatrice du Centre de Compétences en 3Rs Suisse (3RCC), qui vise à Réduire, Remplacer et Raffiner l’expérimentation animale (3R) au niveau de la Confédération, l’UNIL accorde une grande importance à la mise en pratique des 3R. Grâce à l'engagement déterminé du dicastère Recherche et innovation de la FBM, elle a signé en 2023 la Charte suisse «Culture of care». Cet acte vient couronner des efforts entrepris depuis de nombreuses années à la FBM pour remplacer, réduire et raffiner l’expérimentation animale à tous les niveaux, dont la création d’un poste de coordinatrice 3R déjà en 2018, ainsi que de deux demi-postes de déléguées à la protection animale.
Depuis 2022, ces personnes travaillent en étroite collaboration avec les équipes des animaleries, la direction de l’expérimentation animale UNIL-CHUV et les chercheur·euses pour développer et mettre en œuvre des plans d’action visant à améliorer le bien-être animal. Concrètement, elles accompagnent les scientifiques dans la mise en pratique des 3R, entre autres en discutant de la planification des projets et stratégies d’élevages, en formant les chercheur·euses dans la manipulation douce des animaux et en proposant des méthodes alternatives disponibles. Dans cette optique, la FBM a inauguré en 2024 une nouvelle plateforme technologique qui fournit aux chercheur·euses des services, des formations et des équipements de pointe pour l’utilisation des organoïdes et des cellules souches. «Le résultat de ces échanges, ainsi que d’autres efforts en cours pour mieux centraliser les expériences menées dans les animaleries de la FBM, se reflètent dans ces chiffres à la baisse en 2023», estime Laure Seriot. Des chiffres qui devraient se confirmer en 2024, selon la directrice de l’expérimentation animale UNIL-CHUV.
>> Vers les chiffres de 2023 UNIL-CHUV
* Pour certaines espèces, notamment les poissons et les oiseaux, les statistiques concernent principalement des études sur des animaux sauvages dans leur habitat naturel. Par exemple, un vaste programme de recherche de l’UNIL se concentre sur le suivi des populations de chouettes effraies dans le but de protéger les espèces locales. Ces recherches d’observation, menées sur le terrain et portant notamment sur le bien-être et la santé des animaux, sont également comptabilisées comme de l’expérimentation animale.