Lena Ajdacic, diplômée d’un doctorat en sciences sociales, reçoit le « Prix Genre – Egalité femme-homme » de la Faculté SSP pour l’excellence de sa thèse sur les dynamiques de transformation des élites dans le secteur financier.
Toutes nos félicitations pour l’obtention de ce Prix ! Qu’avez-vous éprouvé en le recevant ?
J'étais très contente à titre personnel, et - en tant que sociologue - bien sûr intéressée par la politique des prix dans le milieu académique.
Présentez-nous en quelques mots le sujet de votre thèse de doctorat.
Ma thèse explore le sujet du pouvoir et de la finance. D'une part, j’examine la croissance des plus hauts revenus, et d'autre part, j’aborde les enjeux de genre dans un environnement où la domination masculine est particulièrement forte.
Pourquoi avoir choisi ce sujet ?
Pour comprendre les inégalités sociales et économiques, il est essentiel d'examiner à la fois les groupes défavorisés et les groupes et structures qui détiennent du pouvoir.
Quels sont les principaux résultats de votre travail ?
Les résultats montrent que la diffusion des normes de rémunération des segments à hauts revenus, comme le private equity et les hedge funds, vers les segments de finance traditionnels contribue à l'augmentation des revenus dans l'industrie. Ils indiquent donc qu'au sein des groupes favorisés, il existe des dynamiques de comparaison sociale, qui peuvent conduire à ce que les hauts revenus deviennent encore plus élevés dans certaines configurations. La part des hauts salaires a en effet augmenté dans de nombreux pays ces dernières années. Des jeux de statut peuvent également être observés en ce qui concerne le genre. La finance, ou du moins certains domaines professionnels au sein de l’industrie, sont marqués par une forte domination masculine. Les résultats révèlent également que les femmes dirigeantes, qui ont néanmoins réussi à surmonter les obstacles de carrière, ressemblent fortement à leurs homologues masculins. L’étude montre ceci en examinant les parcours éducatifs et les réseaux des dirigeantes.
Comment envisagez-vous la suite de votre parcours professionnel ?
Il y a encore beaucoup à découvrir dans le croisement entre la sociologie et les sciences politiques et étant passionnée de recherche, je souhaiterais continuer à explorer ces sujets. J'espère que le système académique suisse évoluera pour permettre à la nouvelle génération de doctorant·e·s, et en particulier aux femmes, de se projeter plus facilement dans cette voie.