Nous tenons aujourd'hui à rendre hommage à quatre éminents collègues et amis, Jean-Philippe Leresche, Bernard Voutat, Harro Maas et Thomas Bouchet, qui nous quitteront prochainement. Jean-Philippe, Bernard et Harro partiront à la retraite, tandis que Thomas rejoindra l'Université de Bourgogne.
Je serai bref et me concentrerai sur leurs rôles institutionnels, en laissant de côté leurs remarquables recherches et leurs qualités pédagogiques, car de nombreuses autres occasions se sont présentées et se présenteront pour les honorer dans ces domaines. Mon propos portera donc sur la perception de leurs contributions institutionnelles, empreinte de gratitude et d'admiration.
Jean-Philippe Leresche a toujours manifesté un profond attachement à l'UNIL, à la Faculté des sciences sociales et politiques (SSP) et à l'Institut d'études politiques (IEP) par un engagement institutionnel considérable, bâtissant, développant et façonnant ces institutions. Engagé à l'UNIL en 1982 comme assistant diplômé, il a ensuite occupé divers postes, dont collaborateur scientifique, chargé de cours, maître assistant, professeur associé (2002-2010) et enfin professeur ordinaire. Il a été vice-doyen (2012-2015) puis doyen de la Faculté des sciences sociales et politiques (2015-2019). Il a fondé et dirigé l’Observatoire Science, Politique et Société dès 1999, présidé le Comité scientifique de la Fondation Jean Monnet pour l'Europe (2012-2026), dirigé le Centre de Documentation sur la Vie politique Romande, siégé au Conseil de l’Université et au Conseil de Fondation de FORS. Son engagement pour l'Université dans la cité s'est illustré par son rôle de vice-président de la Fondation nationale Science et Cité (2008-2014). Il a également été une force motrice derrière la collection « Savoir suisse », présidant le comité d'édition.
Dans l'exercice de toutes ces fonctions, Jean-Philippe a su puiser dans ses travaux pionniers sur la gouvernance des universités et de la recherche pour guider le développement stratégique de notre faculté et de l'université de Lausanne. Son enthousiasme contagieux et sa vision pragmatique et humaniste ont permis de maîtriser la complexité de la gouvernance universitaire avec sérénité et aisance.
Bernard Voutat a été un pilier incontournable de l'Institut et de la Faculté, à la fois homme de lutte et homme des institutions, toujours en première ligne pour défendre les intérêts de la communauté universitaire. Engagé à l'UNIL en 1982, il a occupé divers postes avant d'être nommé professeur associé en science politique en 2000, puis professeur ordinaire à partir de 2010. Il a été directeur du DEA en science politique (2001-2004), vice-doyen (2003-2005), doyen de la Faculté des sciences sociales et politiques (2005-2008), co-directeur du Collège des humanités à l’EPFL (2008-2012) et directeur de l’Institut d’Études Politiques (2014-2016). Bernard ne s'est jamais épargné, notamment au conseil de faculté où sa verve ironique et tonitruante, ses compétences et sa mémoire institutionnelle ont marqué plusieurs générations de collègues. Il maîtrisait parfaitement les règles et règlements, souvent rédigés par lui-même, et savait les interpréter pour défendre sa vision des institutions et des missions universitaires.
Harro Maas a été engagé comme professeur ordinaire à l'UNIL en 2015, après un parcours atypique et particulier, incluant, entre autre, une quinzaine d'années d'enseignement au gymnase avant d'être recruté comme professeur associé à Utrecht. Son rôle institutionnel a été tout aussi atypique et particulier, à l'image de sa personnalité flamboyante. Il a apporté une contribution précieuse en nous aidant à penser autrement et à remettre en question de nombreuses certitudes sur le fonctionnement institutionnel que l'on considérait comme allant de soi, ajoutant un grain de sable salutaire à notre institution.
Thomas Bouchet a été engagé comme professeur associé à partir de 2018. Alors qu'il a travaillé, entre autre, sur l'histoire de l'insulte en politique, Thomas s'est par contre distingué comme un collègue d'une bienveillance et d'une disponibilité rares. Son approche positive a enrichi notre environnement de travail et a été exemplaire pour notre communauté académique. Du point de vue institutionnel, Thomas a notamment apporté une contribution significative à la commission de l'enseignement, aux Cahiers IEP, et dans d'autres instances, y compris au Conseil de faculté, organes dans lequelles il a travaillé comme une force tranquille, avec collégialité, habilité, et droiture, des qualités qui ont marqué son engagement.
En disant au revoir à Jean-Philippe, Bernard, Harro et Thomas, nous le faisons avec des cœurs pleins. Vos contributions ont non seulement fait progresser les connaissances académiques et formé des générations d'étudiant·es, mais ont également profondément façonné notre institution. Vos héritages se trouvent non seulement dans les publications et les leçons que vous avez données, mais aussi dans l'esprit de notre communauté universitaire.
Nous vous souhaitons tout le meilleur pour votre retraite - et pour ton retour, Thomas. Que cette nouvelle étape de votre vie soit remplie de joie, d'aventures et peut-être d'un peu de la curiosité savante qui a défini vos carrières. À la prochaine étape de vos vies !
Note : Ce texte est une version abrégée et légèrement modifiée d’un discours prononcé le 26 juin 2024.