Loïs Fournier, doctorant à l’Institut de psychologie (IP) et membre du CARLA, a reçu fin mai 2024 un des trois prix décernés du « Best Poster Award » pour son travail sur les symptômes liés au trouble d’accumulation compulsive (TAC).
Le poster réalisé et présenté par Loïs Fournier lors des 19èmes journées du GREPACO synthétise le travail de toute une équipe, à savoir le Professeur Joël Billieux (IP), la Professeure Elise Dan-Glauser (IP) ainsi que les psychologues Noémie Augsburger, Dr. Lucien Rochat et Natalia Salamon.
Toutes nos félicitations pour l'obtention de ce prix fin mai 2024! Qu’avez-vous éprouvé en le recevant?
Recevoir ce prix a été pour mes collègues et moi-même un grand honneur : non seulement il souligne l’importance de nos recherches, mais il met également en lumière les membres de l’IP ! En ce qui me concerne, recevoir ce prix a été une expérience extrêmement gratifiante et motivante, récompensant et renforçant ma passion pour la recherche scientifique.
A quoi s’intéresse votre étude et quels en sont ses principaux résultats ?
Mes collègues et moi-même nous sommes intéressé·e·s aux symptômes associés au TAC, c’est-à-dire (1) les comportements répétitifs liés à l’accumulation d'objets, (2) l’encombrement des espaces de vie par ces objets qui en compromette l’utilisation ou même la sécurité, et (3) la difficulté ressentie à se débarrasser de ces objets en raison d’un besoin perçu de les conserver. La plupart du temps, les patient·e·s présentant des symptômes associés au TAC suivent le même traitement psychothérapeutique et médicamenteux que les patient·e·s présentant des symptômes associés au trouble obsessionnel-compulsif (TOC). Dans notre étude, nous avons analysé des données recueillies via un inventaire mesurant la sévérité des symptômes associés au TOC et au TAC afin d’examiner la distinction entre ces symptômes. Nos résultats suggèrent que, tandis que les symptômes associés au TOC sont fortement interconnectés et tendent à se renforcer mutuellement, les symptômes associés au TAC, quant à eux, font bande à part. Ainsi, nos résultats soulignent la nécessité de développer des approches thérapeutiques spécifiques et adaptées pour traiter efficacement les symptômes associés au TAC. Ces résultats sont cohérents avec les données montrant que l’efficacité des traitements ciblant les symptômes associés au TOC administrés à des patient·e·s présentant des symptômes associés au TAC est faible, voire nulle.
Vous avez adopté une approche par réseau pour examiner l’interaction entre les symptômes liés aux TOC et ceux liés au TAC. Pouvez-vous nous expliquer cette approche en quelques mots ?
En sciences en psychologie, le principe clé de l’approche par réseau est qu’elle permet d’étudier les troubles mentaux à travers le prisme des interactions entre les symptômes qui les constituent. En étudiant les interconnections entre les symptômes d’un même trouble mental, nous pouvons par exemple identifier quels sont les symptômes qui jouent un rôle clé dans l’activation d’autres symptômes, donc dans la sévérité d’un trouble. Cette approche est très intéressante car, en identifiant ces symptômes « activateurs », nous pouvons alors les cibler lors d’interventions thérapeutiques dans le but de « désactiver » la sévérité globale d’un trouble de manière efficace !
Le GREPACO (Groupe de Réflexion en Psychopathologie Cognitive) est un réseau international francophone (Belgique, France, Suisse) fédérant des enseignant·e·s, chercheur·euse·s et praticien·ne·s issu·e·s de différents domaines de la psychopathologie cognitive. Il organise chaque année un Congrès afin de proposer une réflexion épistémologique et de tester des modèles théoriques dans lesquels s’inscrivent les rôles de facteurs cognitifs dans le maintien et le développement de troubles psychopathologiques (p.ex. addiction, anxiété).