La faculté des HEC (UNIL), en partenariat avec le Service des Relations Internationales de l'UNIL, et l’Association Christophe Pralong ont décerné le Prix Cadot et le Prix Pralong à 4 projets ayant pour but d’œuvrer à la résolution des problèmes de développement dans le monde. Découvrez les lauréat·e·s de cette année et leurs projets.
Dotés chacun d’un montant maximal de CHF 10’000.-, les Prix Cadot et Pralong sont destinés à aider un∙e étudiant∙e ou un groupe d’étudiant∙e∙s à réaliser un projet social, entrepreneurial ou académique dans un pays émergeant. Ces prix sont ouverts à tous les étudiant∙e∙s sans discrimination, qu’ils/elles soient de l’Université de Lausanne, de l’EPFL ou des autres universités de Suisse romande. Pour cette édition, 26 candidatures ont été soumises au jury qui a décidé de soutenir 4 projets.
Le Prix Olivier Cadot a été décerné à deux étudiants :
1. Andrea Mathez, doctorante à l’Institut de Géographie et de Durabilité à la Faculté des Géosciences de l’UNIL pour son projet de recherche participative: « L’agroécologie paysanne – Dialogue sciences-sociétés et perspectives croisées entre acteurs marocains et suisses ».
"Ce projet de recherche action participative propose un espace de partage inédit autour de l’agroécologie paysanne entre acteurs et actrices marocains et suisses au-delà de l’opposition Nord/Sud. Pendant une semaine dans le Canton de Vaud en Suisse, des chercheurs, des agriculteurs et des activistes de ces deux pays sont amenés à se rencontrer lors de visites, d’ateliers et de journées de travail sur des fermes agroécologiques. Les agriculteurs et les agricultrices ne seraient pas ‘seulement bénéficiaires’ mais acteurs et actrices de cet échange. Le projet, à travers sa conception et l’accompagnement scientifique en amont et sur place, offre des conditions optimales pour inspirer et consolider l’agroécologie paysanne dans ces deux territoires via l’apprentissage et/ou l’amélioration de techniques, de savoirs et de pratiques agricoles afin que l’agriculture paysanne soit écologiquement viable et rémunératrice pour les personnes qui la pratiquent à court, moyen et long terme."
"Ce prix me permet de porter ma recherche doctorale sur les conditions d’existence de l’agroécologie paysanne au Maroc et en Suisse, sur une autre dimension. En phase avec l’idée qui sous-tend les recherches actions participatives – que la recherche doit être faite avec et non pour les gens, afin d’induire des changements significatifs – ce prix me donne l’opportunité de répondre au souhait des agriculteurs et agricultrices de ces deux pays à se rencontrer et à apprendre les uns des autres. Faire venir les acteurs et actrices marocains en Suisse et non l’inverse me semble important face aux inégalités structurelles permettant aux personnes suisses de voyager plus facilement en dehors d’un tel cadre. Pour cela, ce prix contribue aussi à faire un petit pas pour changer l’habitude des chercheurs qui ont pour coutume de vérifier la correspondance des principes de l’agroécologie élaborées dans le « Nord » avec les pratiques paysannes du « Sud »."
2. Hugo Troendle, en Maîtrise universitaire en Management en Orientation Business Analytics à HEC Lausanne pour son projet « Partenariat Suisse-Rwanda pour le développement et soutien des villages du district de Burera à travers le tourisme communautaire ».
"Dans un pays où le tourisme occupe une place centrale dans l’économie, l’inégale répartition de ses revenus représente un défi majeur. Dans ce contexte, mon projet cherche à lutter contre la pauvreté dans les communautés rurales du Rwanda à travers le tourisme communautaire. Cette branche de l’écotourisme met l’accent sur des voyages responsables, favorisant une interaction authentique avec les communautés locales tout en soutenant leur développement, leurs traditions et la préservation de l'environnement.
Mon partenariat avec un acteur local expérimenté me permet de résoudre deux problèmes simultanément. D’une part, en répondant à la demande croissante des clients occidentaux à la recherche d’offres de tourisme durables. D’autre part en redistribuant une part équitable des revenus générés à travers un système favorisant l’augmentation du niveau de vie et le développement de l’activité économique au sein des communautés."
"Je travaillais sur les aspects administratifs de la mise en place de mon projet quand j’ai vu l’affiche d’appel à projets du Prix Christophe Pralong & Olivier Cadot. Me sentant parfaitement aligné avec les valeurs et critères mis en avant, j’ai immédiatement commencé la préparation de ma candidature.
Le Prix m’avait déjà été utile avant de rendre son verdict, me forçant à structurer réalistiquement certains aspects du projet qui demeuraient jusqu’alors des idées. De plus, son soutien financier me permet d’accélérer l’implémentation de mon projet et ainsi, je l’espère, d’accélérer le développement des communautés rurales du Rwanda."
Le Prix Christophe Pralong a été décerné à 3 étudiants pour la réalisation de 2 projets :
1. Johanna Angeles, en Maîtrise universitaire en International and Development Studies à l’IHEID pour son projet « Stitching hope : Empowering survivors through sewing ».
"Chaque année, on estime à 7'000'000 le nombre d'enfants victimes d'abus sexuels aux Philippines, les filles représentant 98 % de ces cas. Les filles qui vivent dans la rue sont particulièrement vulnérables, car elles ne bénéficient pas de mécanismes de protection sociale et sont exposées à un large éventail de comportements à risque. Mon projet, Stitching Hope, vise à développer une entreprise sociale de couture à Tahanan Sta. Luisa, un centre d'intervention de crise et de rétablissement situé à Manille. Ce centre se consacre à la réhabilitation des filles des rues qui ont été victimes d'abus physiques et sexuels, d'exploitation et de maltraitance. Outre la remise en état des machines à coudre et le réapprovisionnement des stocks de tissus, Stitching Hope s'efforce d'assurer une autonomisation globale en intégrant le développement des compétences professionnelles à des ateliers d'alphabétisation financière et de création d'entreprise. Les principaux objectifs sont de promouvoir la santé mentale grâce à l'art-thérapie et de favoriser l'indépendance économique des jeunes filles, puisqu'une partie des recettes de la vente des produits leur sera directement reversée."
"En grandissant dans la région métropolitaine de Manille, j'ai vu des enfants mendier dans les rues et vivre dans des bidonvilles délabrés, et cela faisait partie de ma réalité quotidienne. Ce n'est que lorsque j'ai déménagé en Californie que j'ai réalisé que ces scènes étaient loin d'être ordinaires. Cela m'a sensibilisée aux inégalités sociales et a éveillé ma passion pour la santé mondiale. Tout au long de mes études, j'ai participé activement à des initiatives visant à améliorer la santé des femmes et des jeunes filles dans le monde entier. L'un de ces projets consistait à coudre des serviettes hygiéniques pour les filles allant à l'école dans les pays à faible revenu. Cette expérience m'a permis de réaliser à quel point une activité apparemment banale, comme la couture, a le potentiel de promouvoir l'indépendance et la dignité des jeunes filles. Le prix représente une opportunité d'aider les enfants des rues dans mon pays d'origine. Le développement de Stitching Hope m'a déjà permis d'affiner mes compétences en matière de conception de projet, et je considère cette opportunité comme une chance d'améliorer encore mes capacités en matière de mise en œuvre et d'évaluation, des aspects cruciaux de mon parcours dans le domaine de la santé mondiale."
2. Alexandra Ceban, en Maîtrise universitaire en Politique et Management Publics à l’UNIL-IDHEAP et Sofia Benczédi Munar, en Maîtrise universitaire en Management en Orientation Business Analytics à HEC Lausanne pour leur projet « Les aiguilles du temps : brodant l’espoir dans le cœur des oubliés ».
"La Moldavie, confrontée à d’importants défis économiques, souffre des répercussions de la guerre en raison de sa proximité géographique et de ses liens étroits avec l’Ukraine et la Russie. L’émigration de masse, qui a commencé après la chute de l’URSS, a accentué la vulnérabilité des Moldaves âgé·e·s de soixante ans ou plus (une tranche d’âge qui représente 22.8% de la population). Avec un fort départ des jeunes moldaves à l’étranger, les personnes âgées sont démunies et confrontées à la pauvreté, à des services de santé insuffisants et surtout à la solitude. Notre projet vise à relever ces défis actuels en cultivant les compétences en couture chez les participant·e·s au nord de la Moldavie dans quatorze différents villages. Cela encourage la création de produits qui célèbrent la culture moldave, tout en cultivant un sentiment de communauté, d’unité et de solidarité. Il met l’accent sur la transmission de ces compétences en tant qu’héritage culturel pour les générations futures, mais aussi en prévoyant des dons matériels sous forme de sacs en textile pour les réfugié·e·s ukrainien·ne·s."
"Étant d’origine moldave, Alexandra est profondément préoccupée par les défis auxquels fait face son pays, et voit l’effet croissant de la solitude parmi la population âgée. L'engagement d'Alexandra a profondément touché son amie Sofia. Ayant un parcours international et multiculturel, toujours en lien étroit avec l'aide humanitaire, elle a donc pleine conscience de l’importance de ce projet. Avec une faible médiatisation de la Moldavie dans notre contexte occidental, nous avons voulu établir une connexion helvético-moldave, avec comme objectif principal l’apport d’une aide, que nous jugeons essentielle, à un pays en situation de besoin. Ceci est une problématique qui n’est que rarement abordée au niveau local. L’appel à projet du prix Pralong était une opportunité de réaliser ce plan, nous offrant un cadre temporel strict, un soutien financier et la potentielle mise en œuvre rapide de son exécution."
HEC Lausanne félicite chaleureusement les lauréat∙e∙s de cette édition 2024.