Céline Rozenblat, professeure de géographie urbaine à l'Institut de géographie et durabilité (IGD) de la faculté des géosciences et de l'environnement, pionnière en tant que coordinatrice dans le développement d’un BIP à l’Université de Lausanne, nous fait part de son expérience.
Céline Rozenblat, professeure de géographie urbaine à l'Institut de géographie et durabilité (IGD) de la faculté des géosciences et de l'environnement de l'Université de Lausanne, pionnière en tant que coordinatrice dans le développement d’un BIP (Blended Intensive Programme – programmes intensifs hybrides) à l’Université de Lausanne, nous fait part de son expérience.
Son BIP Healthy Urban Systems a été créé dans le HUB4 Villes, espaces et mobilités , en partenariat avec l’Université Libre de Bruxelles, Aix-Marseille Université et l'Université de Salzbourg, et vise à aider les étudiant·e·s et les professionnels de la santé, les urbanistes, les acteurs et les communautés à améliorer leur approche systémique de la santé urbaine.
Gros plan sur le BIP
Le bien-être des habitants façonne les villes et, à son tour, la façon dont les villes sont conçues a des effets directs et indirects sur la santé. La santé urbaine est définie par la conception et le comportement de systèmes urbains complexes : elle répond à la fois aux limites écologiques et au respect des fondamentaux sociaux. Il est primordial de mieux comprendre ce que sont les systèmes urbains, comment ils peuvent être modélisés et comment les gens peuvent appliquer ces connaissances pour mieux faire face à la complexité urbaine afin d'améliorer à la fois la santé et le bien-être ainsi que la durabilité des villes.
Entretien avec professeure Céline Rozenblat
Quelle a été votre motivation pour développer ce BIP ?
J’ai découvert le format BIP lors de la première réunion du HUB4 à laquelle j'ai assisté à Salzbourg. C’est à ce moment-là que j'ai compris ce qu’était un BIP, et j'étais justement en train de terminer un MOOC sur le sujet. Je me suis dit qu’il suffirait d'utiliser le MOOC comme la partie en ligne et d’organiser ensuite une semaine de terrain avec les étudiant·e·s sur notre campus. J’ai présenté un teaser que j’avais fait du MOOC, et il y a directement eu des collègues intéressés, certains que je connaissais et d’autres que je ne connaissais pas encore, et c'est comme cela que nous avons commencé. Nous avons pu très rapidement associer nos expertises respectives autour d’un programme commun.
Que vous a apporté cette expérience d'un point de vue personnel ? Et d'un point de vue professionnel ?
D’un point de vue personnel, cela m'a permis de me reconnecter avec des gens que je connaissais, des gens externes, à Bruxelles, à Marseille, et puis j'ai rencontré de nouvelles personnes, à la fois dans le réseau externe, par exemple à Salzbourg, et puis à l'interne, cela m'a fait rencontrer des personnes passionnantes d’autres facultés comme SSP.
D'un point de vue professionnel, je dirais une reconnaissance au niveau de l'université ici. Également, cela permet de valoriser le MOOC dans un autre format qui est très intéressant : une partie que l’on ne maîtrise pas vraiment en ligne sur COURSERA est désormais suivie en étant couplée avec une plateforme MOODLE et des rendez-vous hebdomadaires en ZOOM. Cela nous positionne plus près des étudiant·e·s que l’on recevra ensuite une semaine pour appliquer ces connaissances sur le terrain. Ainsi il est très intéressant de suivre leur apprentissage. Ensuite, c’est aussi très intéressant d'avoir retrouvé ces gens et d'avoir étendu mon réseau. Par exemple, j’ai revu quelqu’un de Marseille que je connaissais déjà, qui est dans le BIP, mais avec qui nous ne travaillions pas du tout. Il y a deux mois, il m'a contactée pour participer à un projet européen, qui a été déposé la semaine dernière. Cela donne donc quelques opportunités de ce type-là. Il y a un mois, j'étais également à Rome pour représenter le HUB4. C'était intéressant, il y avait des gens passionnants, donc ça c’est le côté vraiment positif.
Quelles recommandations donneriez-vous à des collègues professeurs souhaitant se lancer dans le développement d’un BIP ?
Je recommande soit de connaître déjà des gens, ou de commencer par se mettre dans un projet existant que d'autres vont développer. À mon avis, si on veut développer soi-même un projet, il faut s'appuyer sur des collègues que l'on connaît déjà, parce que c'est un peu plus facile. CIVIS offre déjà un catalogue de plus de 70 BIPs organisés au sein de l’alliance auxquels les collègues UNIL peuvent se joindre en tant que partenaire pour explorer des nouvelles collaborations.
Combien de temps avez-vous consacré au BIP ?
Le MOOC, c’est énorme, je ne sais pas combien d'heures j’y ai consacré pendant plus de trois ans. Toutefois, le MOOC était un projet préexistant et la partie virtuelle des BIPs CIVIS est souvent beaucoup plus légère (ex. Séances Zoom synchrones ou asynchrones sur Moodle). Pour le BIP en lui-même, il y a eu deux jours de réunion des enseignant·e·s en novembre, puis nous avons au moins une réunion d’une heure par semaine avec les étudiant·e·s, et enfin il y aura le workshop d’une semaine en juillet. En termes de charge de travail, c'est comme si c'était un cours en plus.
Quelle est votre vision quant à la pérennisation de ce programme ?
À priori, on s'était dit que l'an prochain on pourrait faire la même chose à Bruxelles, donc je ne serais plus la coordinatrice et la charge serait un peu plus répartie avec mon collègue de Bruxelles. L’intérêt de développer ce type d’initiative dans le cadre de l’alliance CIVIS est de pouvoir partager la responsabilité de la coordination entre les différentes universités pour les éditions suivantes en permettant de pérenniser les programmes.
Que représentent pour vous les BIPs ?
Je le vois comme la continuation des intensifs programmes Erasmus+ – avec lesquels j’ai aussi eu une expérience de coordination – mais avec des collaborateur·trice·s dédié·e·s, et plus orienté·e·s thématiquement.
Les BIPs sont une belle opportunité de tester des nouveaux formats d'enseignement et de collaborer avec des collègues européen·ne·s de manière transdisciplinaire sur des questions scientifiques. Ces échanges sont autant enrichissants pour les étudiant·e·s que pour les enseignant·e·s qui peuvent s'inspirer de nouvelles approches et méthodologies.