L’UNIL s’est récemment dotée d’un nouveau service de soutien à destination des doctorantes et doctorants désireux de rédiger leur thèse en français, tous niveaux compris. Les explications de Rudolf Mahrer, instigateur d’Unithèse.
Tout a commencé lors d’un café avec le recteur, lorsqu’une doctorante de la Faculté des sciences sociales et politiques (SSP) l’a interpellé sur le manque de soutien apporté par l’UNIL à la rédaction des thèses en français. L’idée a fait son chemin au sein de la Direction, jusqu’à voir le jour de manière concrète à la rentrée de février 2024 avec Unithèse.
Le service pilote, lancé par le professeur de linguistique et vice-doyen de la Faculté des lettres Rudolf Mahrer, offre désormais une aide gratuite et personnalisée pour la rédaction scientifique en français. Le principe est simple : doctorantes et doctorants ont la possibilité de soumettre un chapitre de leur travail à des spécialistes de rhétorique académique afin de recevoir un « diagnostic rédactionnel » axé uniquement sur la forme. « L’idée, c’est de rendre les jeunes chercheuses et chercheurs attentifs aux ressources linguistiques moins bien maîtrisées, explique Rudolf Mahrer. Car on remarque que ce sont souvent des problématiques similaires qui reviennent dans la rédaction scientifique, telle qu’une mauvaise utilisation des pronoms par exemple, qui porte alors préjudice à la compréhension du fond, ou encore une organisation peu claire de l’information au sein des paragraphes ». Un second bilan est ensuite proposé trois mois plus tard, sur la base de la lecture d’un nouveau chapitre, pour évaluer les progrès et lacunes restantes.
Combattre le monolinguisme des sciences
Pourquoi un tel « provincialisme » alors que la recherche se fait majoritairement en anglais ? Rudolf Mahrer reconnaît : « Proposer un tel service, c’est résister à la tendance dominante et encore peu remise en question, qui consiste à écrire en anglais dans une logique de communication internationale ». Or selon lui, « la diversité des langues et des cultures est un enrichissement pour la construction du savoir ». Pour le linguiste en effet, la langue est d’abord un moyen d’invention, « et une thèse, c’est avant tout un objet de recherche pour lequel on compare des données souvent représentées verbalement, on fait des plans, des schémas, des brouillons, etc. Dans ce jeu d’association et de compréhension, on est plus agile et créatif dans sa langue maternelle que dans une langue seconde. »
Le vice-doyen de la Faculté des lettres espère donc qu’à l’issu de cette année pilote, le service sera pérennisé. « On s’attend à traiter environ une quinzaine de dossiers d’ici novembre », précise-t-il. Les résultats semblent pour l’instant prometteurs puisque dès la première semaine, une douzaine de demandes sont déjà arrivées.