Ce printemps, une trentaine d’étudiantes et étudiants de médecine ont suivi une initiation à l’ornithologie. Des sorties sur le terrain et un échange avec un ornithologue de renom ont permis de tirer des parallèles entre la médecine et l’étude scientifique des oiseaux.
Jumelles autour du cou, les yeux et les oreilles aux aguets, des étudiantes et étudiants en médecine se sont prêtés au jeu de l’observation d’oiseaux dans leur milieu naturel. Durant deux samedis de mars et avril 2023, ils ont suivi Lionel Maumary, responsable du Cercle ornithologique de Lausanne, pour une initiation à l’ornithologie en cheminant au bord du Léman entre Saint-Sulpice et Préverenges, ainsi que dans les forêts du Bois du Jorat. La trentaine de futurs médecins ayant participés aux sorties ont ainsi pu découvrir une quarantaine d’espèces d’oiseaux.
Organisées conjointement par Unisanté et la Faculté de biologie et de médecine (FBM) de l'UNIL, et pour la première fois cette année, ces initiations à l’ornithologie ont été pensées comme une occasion de sensibiliser les futurs médecins aux enjeux de durabilité. Quoi de mieux qu’une pratique de terrain pour aborder la thématique de la perte de biodiversité.
Selon Pr Jacques Cornuz, directeur général d’Unisanté, professeur ordinaire à la FBM et initiateur de cette initiation, un parallèle entre la médecine et l’ornithologie peut également être fait. Les deux disciplines invitent par exemple à prendre le temps de l’observation et font recours à la rigueur de l’approche hypothético-déductive. Comme en médecine, l’ornithologue intègre la probabilité «a priori» dans le processus d’identification d’un oiseau. Son hypothèse de départ sera en effet bien différente selon l’endroit ou le biotope où il se trouve, la saison ou les conditions météorologiques. Puis l’écoute attentive et enfin l’observation confirmeront, ou non, cette hypothèse initiale. Avec l’expérience d’années d’observation, l’ornithologue, comme le médecin au terme de plusieurs années de pratique clinique, fera souvent un raccourci diagnostique et identifiera en une fraction de seconde l’oiseau dont il entend le chant ou dont il a aperçu le vol. L’un comme l’autre est aussi sujet aux erreurs et doivent éviter de tomber dans la routine diagnostique. Ils doivent donc adopter une démarche à la fois systématique, souple, pleine de disponibilité, et être prêts à faire face à l’imprévu.
La méthode scientifique est un autre point commun. L’ornithologie offre un champ de recherche et d’investigations inépuisable pour les esprits curieux et avides de connaissances, dans lequel le perfectionnement technique complète et accompagne le sens de l’observation et l’expérience du praticien.
Finalement, les deux disciplines demandent une démarche pédagogique. A l’instar des médecins, les ornithologues sont souvent formés par des pairs aînés. Ce compagnonnage, voire ce mentorat, permet la transmission de connaissances, de «trucs et astuces» qui ne se trouvent pas dans les livres.
Ainsi, l’observation des oiseaux, et de la nature plus généralement, peut constituer une activité idéale pour les médecins.