Journée d'étude organisée dans le cadre du programme de spécialisation en analyse des discours et de la communication publics, Section de Français et Centre de linguistique et des sciences du langage
Nos savoirs de connaissances et de croyances à propos du monde sont relatifs principalement à des messages communiqués et non pas à nos expériences de vie en contexte. Cela est encore plus vrai des contextes de crise.
Que savons-nous du conflit à Gaza ? De la guerre en Ukraine ? Du récent coup d’État au Niger ? Des catastrophes climatiques en Afghanistan, Syrie, Turquie, Lybie, USA, Nouvelle-Zélande ? Certes nous sommes peut-être « là-bas » ou nous y avons des proches qui nous informent, mais le plus souvent nos sources sont des médias qui « rapportent » ce qu’il se passe (sur quoi nous fondons ensuite nos savoirs de connaissances et de croyances).
Se pose ainsi la triple question : celle de la source : qui informe qui et pour faire quoi ? Celle du message : de quoi et comment informe-t-on ? Et celle enfin de la ‘sensibilité’ interprétative : comment évalue-t-on les informations, que suscitent-elles ? Sont-elles vraies, fiables, fausses ?
Avec cet atelier, l’accent est mis sur les pratiques médiatiques de désinformation qui représentent à l’ère digitale une ressource d’influence majeure des publics. Autrement dit, nous nous intéressons à la propagande et aux enjeux sociaux de la posture propagandiste auprès des citoyennes et des citoyens.
La propagande se comprend comme la « performance » communicationnelle d’un pouvoir (par un gouvernement) qui, en imposant un ‘narratif’ qui sert ses intérêts (par le biais de médias), oriente les comportements des publics (les citoyennes et citoyens responsables).
À l’ère digitale, le chaînage propagandiste (i.e. le lien entre gouvernants, médias et gouvernés) est optimalisé : les ressources de communication mobile (le smartphone), la technologie (le deep learning, l’astroturfing) et les canaux des pratiques de partage (les plateformes des réseaux sociaux) favorisent une « médiation médiatique » qui fait la part belle à la désinformation : on produit des réalités plus fausses, plus spectaculaires, plus vraies que les vraies et surtout indécelables pour la rationalité de l’humain.
Dans les contextes de crise, l’énergie manipulatoire est imposante et difficilement contrôlable ou canalisable. Aussi bien la posture propagandiste parie sur le fait que les publics citoyens sont tous des ‘informateurs’ : ils postent et/ou partagent massivement des contenus en ligne. Les propagandistes visent alors à démultiplier les pratiques de partage par les publics eux-mêmes, ce qui en un sens dédouane les propagandistes ou les déresponsabilise en partie.