Publication de l’article « The contrasted evolution of cycling during youth. Determinants of bicycle ownership and use ».

Un article issu du projet « Le vélo chez les jeunes » mené à Yverdon-les-Bains et qui s’inscrit dans la thèse d’Aurélie Schmassmann.

© Sustainable Transportation, Schmassmann et al.

Quand bien même le vélo présente de nombreux avantages pour les jeunes (autonomie, exercice physique, etc.), ils sont beaucoup moins nombreux à faire du vélo qu’il y a quelques décennies et en font de moins en moins au fil des âges. L’article publié récemment dans l’International Journal for Sustainable Transportation s’intéresse à l’évolution de la pratique du vélo chez les jeunes et en identifie les principaux facteurs explicatifs.

Cette étude a été menée à Yverdon-les-Bains, une ville de taille moyenne dont la topographie est favorable à la pratique du vélo. Elle a également la particularité de recenser diverses écoles regroupant des jeunes âgés de 12 à 20 ans, tranche d’âges qui nous intéresse dans ce projet.

Une enquête par questionnaire a été distribuée par voie électronique au sein de quatre écoles (deux collèges, un lycée et une école professionnelle). Plus de 1'350 réponses ont été récoltées et ont permis de dessiner les tendances en termes d’apprentissage, de possession et d’utilisation du vélo, en proposant une analyse au-delà de la dichotomie cyclistes/non-cyclistes.

Les résultats montrent que la quasi-totalité des jeunes (98%) ont appris à faire du vélo ; l’apprentissage reste donc la norme pendant l’enfance. Toutefois, ils sont de plus en plus nombreux à l’abandonner au cours de la jeunesse : alors qu’ils sont moins de 10% à ne pas posséder de vélo à l’âge de 12-13 ans, ils sont près de 30% à 19-20 ans. Cumulée à ceux qui n’ont pas un vélo en état de fonctionner, la part des non-cyclistes passe de 27% chez les 12-13 ans à près de 50% chez les 19-20 ans.

Alors que la pratique du vélo des parents joue un rôle déterminant tant dans le fait de faire du vélo que dans la possession d’un vélo en état de fonctionner, l’orientation scolaire et le genre vont davantage déterminer la pratique du vélo : les jeunes du secondaire II (>16 ans) et les filles font plus souvent partie des non-cyclistes. Le niveau d’éducation des parents influence de son côté la possession d’un vélo en état de fonctionner : un jeune a d’autant plus de chance d’avoir un vélo fonctionnel lorsque l’un de ses parents a accompli une formation supérieure à la scolarité obligatoire (apprentissage ou plus encore dans une haute école). Finalement, le lieu de résidence apparaît comme un facteur explicatif dans les deux cas de figure : les jeunes des communes de l’agglomération sont moins nombreux que les jeunes domiciliés dans la ville-centre à avoir un vélo fonctionnel et donc davantage des non-cyclistes.

Parmi les cyclistes, trois catégories se dessinent :

  • les occasionnels (38%) : ils utilisent le vélo de temps en temps pour aller à l’école, pour des balades et parfois pour se rendre à des activités. Ils sont le groupe avec l’évolution la plus stable au fil des âges
  • les récréatifs (32%) : ils ne vont jamais à l’école en vélo, mais l’utilisent surtout pour les loisirs. Cette catégorie augmente à partir de 15 ans
  • les utilitaires (30%) : ils vont souvent ou toujours à l’école en vélo et l’utilisent aussi pour des activités. Ce groupe présente la plus forte variation au fil des âges

A nouveau, la pratique du vélo des parents joue une forte influence dans le type de pratique du vélo des jeunes. Les jeunes cyclistes récréatifs ont au moins un parent qui utilise le vélo pour une activité sportive ou de loisirs fréquente, alors que les jeunes cyclistes utilitaires ont au moins un parent qui utilise le vélo de manière utilitaire. Un processus de socialisation au sein de la famille est donc fortement marqué sur la pratique du vélo des jeunes. Le genre et le lieu de résidence permettent également d’expliquer ces résultats : on retrouve plus de garçons chez les récréatifs et les utilitaires ; les récréatifs habitant plutôt en campagne alors que les utilitaires sont plutôt domiciliés en ville ou dans une commune proche, la proximité renforçant l’attractivité du vélo. Les cyclistes utilitaires ont également tendance à être davantage des jeunes se préparant à obtenir une maturité gymnasiale. L’hypothèse d’une plus forte présence des valeurs écologiques au sein de cette population est émise ici et sera davantage approfondie dans la suite de la thèse d’Aurélie Schmassmann.

Cette recherche s’intègre dans le projet de recherche « Le vélo chez les jeunes » financé par l’Office fédéral des Routes (OFROU) et soutenu par la Ville d’Yverdon-les-Bains.

 

 

Publié du 22 juin 2023 au 29 septembre 2023
par OUVEMA /hw
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