Friction des langues : poétiques, pratiques, création-réponses se tiendra le 1 et le 2 juin 2023 à la Maison de la recherche, 4 rue des Irlandais, en Salle Claude Simon. (75005 Paris)
Friction des langues : poétiques, pratiques, création-réponses se tiendra le 1 et le 2 juin 2023 à la Maison de la recherche, 4 rue des Irlandais, en Salle Claude Simon. (75005 Paris)
Comité d’organisation :
Guido Furci (MCF, CERC), Amanda Murphy (MCF, PRISMES/TRACT)
Enjeux scientifiques :
« Friction des langues » envisage la traduction (au sens le plus large et mouvant du terme) dans une perspective à la fois pratique et épistémologique. Au sein de ce projet, une place prépondérante est accordée aux recherches sur les langues et sur leurs rencontres, leurs poétiques croisées, les poétiques nées de leur croisement. « Friction des langues » rassemble des actions autour des plurilinguismes et des exophonies (le fait de parler et d’écrire dans d’autres langues que sa première langue) qui mettent en jeu le contact entre deux ou des idiomes (donnant lieu, selon les cas, à des situations de conflit, de résistance ou d’harmonie). Sur le plan théorique et pratique, une telle démarche fait du décentrement une notion cruciale : en effet, dans la continuité des travaux de Myriam Suchet et de Tiphaine Samoyault, « Friction des langues » aborde l’acte de traduire en tant que processus de circulation concrète de textes/discours, autrement dit en tant que réseau de déplacements – jeu de forces dans l’espace mondial.
Si dans un tel cadre les enjeux géopolitiques du rapport que tout individu (et que toute réalité institutionnelle) entretient avec les langues sont importants, les enjeux à la fois poétiques et empiriques des objets d’études envisagés le sont tout autant. Les enjeux poétiques relèvent de la présence de plusieurs langues ou de plusieurs variétés d’un même idiome (hétérolinguisme) au sein d’un discours, d’un texte, d’une œuvre littéraire à proprement parler. D’une part, « Friction des langues » cherche à analyser les différentes manifestations du contact tel que celui-ci peut se produire en fonction des contextes historico-géographiques et culturels, et d’un éventail de facteurs qui se doivent d’être explicités, voire enquêtés ; d’autre part, « Friction des langues » travaille sur les effets que le contact en question peut avoir sur le plan individuel et/ou collectif, communautaire, sociétal. Pour ce qui est des enjeux empiriques – indissociables des enjeux poétiques – ils nous questionnent quant aux rapports de force engagés entre les langues ou à l’intérieur d’une langue qui n’en est plus une, et qui ne l’a peut-être jamais véritablement été. Comment lire et comment traduire l’instabilité produite par un phénomène de friction qui lance parfois de véritables défis à la lecture et à la traduction ? Que devient la traduction lorsqu’elle n’est plus une opération entre deux langues (articulées ou non), mais entre plusieurs ? Comment penser ce déplacement de frontières et ce qu’il engendre en termes de réception et de transmission ? Pour le dire avec Derrida (qui étend significativement les réflexions sur les langues aux actes de langage), « comment traduire un texte écrit en plusieurs langues à la fois ? Comment rendre l’effet de pluralité ? Et si l’on traduit par plusieurs langues à la fois, appellera-t-on cela traduire ? » (cf. Des tours de Babel, in Psyché. Inventions de l’autre, Paris, Galilée, 1987).
Autant de questions susceptibles de réactualiser les approches les plus conventionnelles en matière de traductologie, mais aussi de susciter des formes de « création-réponse », faisant recours à des écritures et à des supports variés. En cohérence avec ces enjeux scientifiques et son approche interdisciplinaire, dès sa création, « Friction des langues » a pu compter sur le soutien institutionnel de plusieurs réalités associatives françaises et internationales : L’Intermède (Ass. Loi 1901 créée par un collectif d’anciens étudiant.e.s de Paris 3 : https://www.lintermede.com/), le IAWIS (International Association for Word & Image Studies : https://www.iawis.org/), le MHiC-Lab (Medical Humanities in Context : https://mhiclab.hypotheses.org/), le BACO (Associazione Bottega delle Arti Contromano : https://associazionebaco.troppo.in/associazione/), et Retour d’Image (Cinéma et Handicap : https://retourdimage.eu/).