Depuis 100 ans, les radios romandes diffusent des services religieux. Marie Sandoz et Roxane Gray, deux historiennes de la Faculté des lettres de l’Université de Lausanne, ont collaboré avec Médias-Pro et la RTS pour rédiger un « Grand Format » sur le sujet.
Depuis 100 ans, les radios romandes diffusent des services religieux. Marie Sandoz et Roxane Gray, deux historiennes de la Faculté des lettres de l’Université de Lausanne, ont collaboré avec Médias-Pro (organe en charge des relations médias de l’Église réformée romande) et la RTS pour rédiger un « Grand Format » sur le sujet. Ce dossier très documenté retrace l’évolution de la radiodiffusion des services religieux en Suisse romande. Après une première diffusion du culte en 1923, la radio s’impose très rapidement comme une manière d’atteindre une large audience, une opportunité nouvelle qui induit des questions nouvelles.
Les deux chercheuses montrent comment les églises protestantes s’enthousiasment très tôt à l’idée de diffuser leurs services à un large public. Les ondes ont un intérêt certain, car elles atteignent tous les fidèles, en particulier les personnes âgées ou les malades, mais aussi les « personnes non-initiées ». Les documents rassemblés retracent l'influence de l'histoire sur les pratiques religieuses. Les discours évoluent et parfois gardent une trace des événements, comme en témoigne l’enregistrement du 10 septembre 1939 où l'invasion de la Pologne et la mobilisation générale se mêlent aux paroles de l'Évangile. Dès les années 40, les pasteurs s’interrogent sur le format de leurs services, car l’adoption d’un nouveau média appelle à une adaptation des pratiques. Le culte n’est-il pas trop long ? Pourquoi le chant à la radio semble-t-il avoir moins d’effet que dans le cœur d’une église ? « Si, sur place, chanter ensemble à plus de valeur que chanter bien, la radio préfère quand les notes sonnent justes » précisent les deux historiennes. Au fil du temps et des ajustements, des tensions émergent et une question s'impose : faut-il adapter les pratiques ou, au contraire, les conserver telles qu’elles ont toujours été ?
Ce reportage est aussi une histoire des rivalités et des collaborations. Rivalités entre les églises régionales d’abord, car les Églises de Lausanne et de Genève ont longtemps bénéficié d’un quasi-monopole des antennes de diffusion et, par conséquent, de la programmation, cela au dépend des paroisses plus éloignés des centres urbains romands. Les grandes deux villes se sont opposées aux localités de Suisse romande. Rivalités religieuses ensuite, car les courants protestants et catholiques, divisés sur plusieurs points, se rapprochent jusqu’à produire conjointement des émissions œcuméniques.