Comment les politiciennes et politiciens arrivent-ils à concilier les objectifs de croissance économique, d’équité sociale et de défense de l’environnement ? Est-ce que le clivage politique entre le développement durable et la décroissance prendra de l’ampleur ? C’est sur ce type d’enjeux que se penchera le nouveau Laboratoire international associé – Partis, représentations politiques et développement durable (LIA PARDUR).
Un laboratoire international associé (LIA) est une entité structurante «sans murs» où deux équipes d’enseignement et de recherche de deux universités de pays différents s’associent en complémentarité autour d’une programmation scientifique définie conjointement. Celui lancé aujourd’hui à l’Université de Lausanne, en compagnie d’une délégation de l’Université Laval, sera codirigé par Oscar Mazzoleni, professeur à l’Institut d’études politiques de l’Université de Lausanne, et par Éric Montigny, professeur du Département de science politique de l’Université Laval.
«Nous constatons la naissance d’un clivage politique distinct entre le développement durable et la décroissance. À quel point ce clivage influencera nos démocraties? Nous voulons développer des outils de veille et des outils qui font appel à l’intelligence artificielle pour nous permettre de mieux saisir l’évolution des propositions des partis politiques en Suisse et au Québec», explique le professeur Mazzoleni, de l’Université de Lausanne.
«L’enjeu du développement durable teinte le discours politique. Les défis entourant cette question occupent une place de plus en plus importante, tant lors des élections que lors des débats parlementaires. Nous allons chercher à mieux comprendre ses effets sur la configuration des systèmes partisans et sur la mise en place de politiques publiques», renchérit le professeur Éric Montigny, de l’Université Laval.
La création de ce LIA est le résultat de plusieurs collaborations fructueuses entre les équipes de recherche des professeurs Montigny et Mazzoleni au cours des dernières années. Elle leur permettra de joindre leurs forces de façon encore plus marquée afin d’accélérer l’avancement des connaissances et d’instaurer des projets de formation conjoints.
«Cette initiative illustre le dynamisme des collaborations entre nos deux universités. Ce nouveau projet est particulièrement réjouissant dans la mesure où il s’inscrit en droite ligne de l’un des enjeux stratégiques portés par la Direction, à savoir la transition écologique. Nous espérons ainsi devenir un pôle d’excellence sur la question des interactions entre durabilité et représentation politique», indique Frédéric Herman, recteur de l’Université de Lausanne.
«Je félicite l’équipe du LIA pour ce programme de recherche novateur qui touche un enjeu fondamental de notre époque : le développement durable et son influence sur les décisions politiques. Ce laboratoire a le potentiel de devenir une entité d’excellence internationale sur cette question», souligne Sophie D’Amours, rectrice de l’Université Laval.
Ce LIA permettra à des étudiantes et étudiants inscrits aux cycles supérieurs de travailler dans un contexte unique de collaboration entre deux universités. Des séminaires de haut niveau seront organisés et un site Web permettra de diffuser les résultats des travaux, vulgarisés, au grand public.
Dans une deuxième phase, les équipes de la Suisse et du Québec souhaitent évaluer le rôle des médias et de l’opinion publique sur les enjeux environnementaux et élargir leur champ de recherche à d’autres systèmes politiques de l’Amérique du Nord et de l’Europe.
L’entente encadrant le LIA est d’une durée de 5 ans et implique une contribution financière globale de 70 000 CHF pour l’Université de Lausanne et de 107 500 $ pour l’Université Laval.
L’UNIL et l’Université Laval collaborent par-dessus l’Atlantique
Qu’il s’agisse de mobilité étudiante, de recherche ou d’échanges de bonnes pratiques, l’UNIL et l’Université Laval (Québec) travaillent ensemble sur de nombreux projets. Le point avec Denis Dafflon, chef du Service des relations internationales.
Le laboratoire international associé qui vient d’être lancé (lire plus haut) constitue l’illustration la plus récente des liens étroits tissés entre les Universités de Lausanne et Laval, au Québec. Si des accords au sujet de la mobilité étudiante ont été signés en 2003 déjà, un pas important a été franchi en 2017 sous la forme d’une déclaration de «partenariat privilégié». L’UNIL en possède quatre à ce jour: outre Laval, il s’agit de l’Université libre de Bruxelles, de Lancaster University et de l'Università degli Studi di Padova.
Quelle est la différence entre ces partenariats privilégiés et les quelque 400 autres accords plus classiques passés avec des hautes écoles du monde entier? «Un partenariat privilégié va bien au-delà, répond Denis Dafflon. Il s’agit bien entendu de favoriser la mobilité étudiante, mais également de monter des travaux de recherche communs, notamment par le moyen d’appels à projets, de mettre en place des cotutelles de thèse ou d’échanger des bonnes pratiques entre les deux Directions.»
Par exemple, avant la construction de Vortex, le responsable du service Unisep de l’UNIL (Sécurité, Environnement, Prévention) a pu visiter les résidences étudiantes de Laval, afin de mieux se rendre compte de ce qu’implique la gestion d’un campus qui vit 24h sur 24, dans un contexte culturel francophone. D’autres échanges d’informations ont lieu dans le domaine de la durabilité, de la pédagogie universitaire ainsi qu’un sein du «DG2», un Réseau d’excellence des dirigeantes et dirigeants universitaires en gouvernance et en gestion.
Dans le domaine de la recherche, plusieurs projets impliquent les deux institutions. Comme par exemple l’Unité mixte internationale en neuro-développement et psychiatrie de l’enfant, menée par le professeur Pierre Marquet (Faculté de biologie et de médecine). Il s’agit d’une chaire d’excellence en pédopsychiatrie, pour laquelle l’Université Laval a obtenu un important financement. Il existe bien d’autres collaborations, dans le domaine de l’éthique, des systèmes hydrogéologiques complexes ou de l’anthropologie, entre autres. Quatre conventions de cotutelles de thèse ont été signées.
Dans le domaine de la formation, «depuis que l’UNIL est liée à Laval par des accords de mobilité, nous comptons près de 350 étudiantes et étudiants qui ont pu passer un semestre en échange, dans les deux sens, ce qui est beaucoup», indique Denis Dafflon. En ce moment, une délégation de la haute école québécoise se trouve justement à Dorigny, afin de stimuler les échanges entre les institutions.