Images  éco‑responsables

La compression des images réduit le poids des pages et leur chargement.

En savoir plus

Images  éco‑responsables

La compression des images réduit le poids des pages et leur chargement.

En savoir plus

Rechercher dans
Entrepreneuriat Economie Management

Un Forum à l’UNIL pour donner une voix aux entrepreneurs sociaux qui transforment notre monde

Le HUB de l'Université de Lausanne organisait mercredi 3 mai la deuxième édition du Forum de l'Innovation Sociale.. Un événement appelé à se développer.

Publié le 09 mai 2023
La 2e édition du Forum de l'innovation sociale a mobilisé plus de 200 participant-e-s dans les locaux de l'UNIL - Felix Imhof
La 2e édition du Forum de l'innovation sociale a mobilisé plus de 200 participant-e-s dans les locaux de l'UNIL - Felix Imhof

Plus de 200 participant-e-s se sont réuni-e-s mercredi 3 mai 2023 à l’Université de Lausanne pour participer à la deuxième édition du Forum de l'Innovation Sociale.

Cet événement a été initié en 2022 par l’équipe du HUB Entrepreneuriat et Innovation de l’UNIL. «Nous voulions développer un espace d'échange pour parler des multiples facettes de l'innovation sociale, notamment en réunissant les différents acteur-trice-s du secteur public et privé: entrepreneur-e-s sociaux-ales, grandes entreprises, représentant-e-s du monde associatif et politique, société civile et bien sûr étudiant-e-s et professeur-e-s de notre communauté UNIL. La moitié des participant-e-s vient de la communauté universitaire, le reste de l'extérieur et cette diversité me tient particulièrement à cœur» détaille Anne Headon, directrice du HUB.

Alors, comment est-il possible de résoudre un défi sociétal en adoptant une approche entrepreneuriale? Ou encore, comment trouver des solutions là où les modèles classiques échouent?

Nora Wilhelm: «Nous devons changer de paradigme»

Pour répondre à cette problématique, Nora Wilhelm était la première à s’exprimer sur scène. L’entrepreneure sociale a cofondé «collaboratio helvetica», une initiative suisse pour échanger les savoirs et répondre aux défis sociaux et environnementaux.

Revenant sur son parcours, elle a expliqué les raisons de son engagement, prenant en exemple le mouvement des jeunes pour l’action climatique: «Malgré la mobilisation de millions de personnes à travers le monde, les résultats ne sont malheureusement pas assez effectifs». Alors, que faire? Pour l'entrepreneure, il y a trois éléments de réponse. «Tout d'abord, nous avons tendance à lutter contre les symptômes sans traiter les structures qui amènent à ces résultats. Nous devons changer de paradigme. Par exemple, nettoyer constamment l'océan de ses déchets plastiques est bien, mais nous devons aussi réduire notre consommation de plastique» assure-t-elle.

«Ensuite, nous devrions réfléchir de manière systémique. Les personnes qui ont un même but restent souvent dans une logique de compétition, de combat, alors qu'elles pourraient avoir une logique de collaboration. Il faut trouver de nouvelles manières de penser et de procéder pour adresser les défis sociaux et écologiques complexes»

«Enfin, nous avons besoin de laboratoires d'innovation sociale. Ils doivent être sociaux, systémiques, transformatifs et résilients. Ils doivent rassembler les parties prenantes de tous les secteurs, comprendre le système et les causes fondamentales et avoir une vision de transformation.»

Nora Wilhelm le reconnaît, le travail systémique n'est pas sans défi. «Cela nécessite beaucoup d'investissement, d'approches innovantes qui sont malheureusement souvent peu comprises. Sans oublier le manque de financement adéquats ou la forte pression sur ces leaders. Je reste néanmoins convaincue de l'importance de cette approche pour obtenir des résultats durables et transformateurs» conclue-t-elle.

«Développer une entreprise sociale n’est pas facile, mais les récompenses sont nombreuses»

Une discussion s’est ensuite déroulée entre plusieurs personnalités de l'entrepreneuriat social. Sonja Betschart tout d’abord, fondatrice de WeRobotics, une entreprise à but non lucratif qui permet l’utilisation de drones à des fins humanitaires, sociales et environnementales dans plus de 37 pays, par le biais d’initiatives locales. Christophe Dunand ensuite. Pionner de l'entrepreneuriat social, il dirige depuis 30 ans realise. Cette entreprise forme et insère dans des entreprises des candidat-e-s peu ou pas diplômé-e-s dans des secteurs d’activité à haute densité de main d’œuvre. Les échanges étaient animés par ​​Emilie Romon, directrice du bureau Suisse d’Ashoka, la plus grande ONG mondiale qui soutient l’entrepreneuriat social avec un réseau impressionnant d’Ashoka Fellows. 

Comment êtes-vous devenu entrepreneur-e social-e?

Christophe Dunand: Dans les années 90, personne ne parlait de ça. La Suisse connaissait pourtant un problème: un taux de chômage important. Quelques farfelus ont décidé de créer et d'engager des personnes que personne ne voulait engager pour créer des services pour d'autres entreprises en facturant la prestation. Aujourd’hui, ce modèle a montré son efficacité et a été repris dans d’autres pays. 

Sonja Betschart: C'est très personnel, j'ai une attirance pour l'entrepreneuriat, cela me parle depuis toujours. Alors pourquoi ne pas faire de l'entrepreneuriat tout en ayant un impact positif sur le monde en même temps? J’ai eu le déclic en 2015, en travaillant sur une technologie: les drones. En Afrique du Sud, des équipes locales cartographient des quartiers avec nos appareils pour reconstruire de manière durable les zones défavorisées qui sont souvent les premières touchées par les inondations.

Naît-on entrepreneur-e social-e ou le devient-on?

Sonja Betschart: J'ai toujours été attiré par l'entrepreneuriat social, cela a toujours résonné en moi. J'ai travaillé pour une startup qui développait une technologie qui avait un grand potentiel d'impact positif. Les startups sont souvent concentrées sur la réalisation de bénéfices, mais pourquoi ne pas également viser un impact sociétal ? Créer de l’impact positif me procure plus de satisfaction que de l'argent. Être entrepreneur social n'est pas facile, mais il y a beaucoup plus de récompenses. C'est très stimulant d'avoir des retours positifs qui me donnent de la force.

Christophe Dunand: À 63 ans, si j'ai toujours autant d'énergie, c'est parce que ce que je fais est totalement en accord avec mes valeurs. Il faut être un peu fou pour se lancer dans cette aventure, mais si vous l'êtes, vous trouverez une grande satisfaction et beaucoup d'énergie. Si vous pouvez autofinancer votre organisation qui poursuit un but sociétal, c’est l’idéal. Personellement, je serais incapable de travailler dans une entreprise classique et d'avoir un travail qui n'a pas de sens.

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes qui hésitent à se lancer?

Christophe Dunand: Si pour vous, s'engager dans une organisation qui a un impact positif sur la société est important, allez-y, ne lâchez pas. C'est votre génération qui va obliger les entreprises à changer de modèle. On gagne peut-être moins, mais on se sent plus riche!

Sonja Betschart: Il y a de nombreux problèmes dans ce monde, mais heureusement il y a également de nombreuses solutions. Chacun peut décider de contribuer à résoudre ces problèmes ou de rester inactif. Ecoutez votre cœur et regardez comment vous pouvez contribuer à cette transformation sociétale dont nous avons grandement besoin!

Ateliers et Prix du Forum pour NowCare

Les participants à l’événement ont ensuite poursuivi la session en se divisant en trois groupes autour de thématiques plus précises: le rôle des entreprises dans le soutien de l’innovation sociale, avec Romande Energie, dans la peau d’une entrepreneuse sociale, avec Eleonora Voltolina et interdépendances dans un projet d’innovation sociale avec Esther Mottier du Cercle de vie

Après 45 minutes de discussions animées, les participant-e-s se sont retrouvés pour assister à 6 pitchs émanant d’étudiant-e-s ou jeunes gradué-e-s porteuses et porteurs de projets d’innovation sociale et venant de plusieurs Hautes écoles de la Suisse Romande. C’est le public qui a décerné pour la première fois le Prix du Forum en récompensant le projet jugé comme ayant le plus grand potentiel de transformation sociétale à un horizon de trois ans.

C’est NowCare qui a remporté le concours rétribué à hauteur de 5’000 CHF. Ses deux cofondatrices, Claire Meuwly et Larina Laube, ayant respectivement fait leurs études à l’UNIL et à l’EHL proposent des savons liquides fabriqués en Suisse sous forme de poudre qui se mélange à de l’eau du robinet. Au-delà de leurs produits, elles proposent un modèle pour changer de paradigme sur la manière dont on prend soin de soi tout en prenant soin de la planète et des autres.

Le Professeur Jean-Philippe Bonardi, codirecteur du centre E4S, a conclu l’événement en livrant les enseignements qu’il en a tirés: «Il y a beaucoup de points intéressants qui ont suscité ma réflexion et mes réactions, mais deux en particulier ont attiré mon attention. Premièrement, en parlant d'innovation sociale, on pense souvent à des projets spécifiques, mais les enjeux sont bien plus importants que cela. Nous sommes dans une période de transition très forte qui remet en question les fondations sur lesquelles nos institutions sont assises et ces modèles d’innovation sociale, systémique et collaborative, sont clés pour réussir cette transition. La deuxième chose qui m'a interpellé, c'est la révolution technologique. Elle a un impact direct sur nos systèmes de production, nos flux économiques et notre façon de créer de la valeur. Il est donc nécessaire de créer des écosystèmes qui jouent un rôle clé dans la mise en commun de ressources. Nous devons trouver un moyen de travailler ensemble pour relever les défis de l'avenir».

Lexique:

Innovation sociale: approche collaborative pour répondre efficacement aux défis sociétaux de manière systémique, qui allie les solutions de marché aux initiatives sociales.

Entrepreneur-e social-e: individu mettant des compétences entrepreneuriales au service de la résolution d'un problème sociétal. 

Entreprise sociale: organisation qui poursuit un objectif sociétal et économique. De par ses principes, elle doit avoir un impact positif sur la société et/ou l’environnement.


Voir plus d'actualités