L’étude CoLaus|PsyCoLaus, unique au monde par sa durée, la richesse et la précision des données accumulées sur la santé physique et mentale, fête ses vingt ans.
Lancée par des médecins du CHUV, l'étude CoLaus|PsyCoLaus cherche à mieux comprendre les facteurs de risque des maladies cardiovasculaires (diabète, hypertension, surpoids…) et des maladies psychiques ainsi qu’explorer les liens existants entre elles. Le but: améliorer le traitement et la prévention.
Depuis 2003, l’évolution de la santé du même échantillon d’habitant·e·s de Lausanne est suivie via des examens réguliers, chaque quatre ans environ. A sa création, la cohorte CoLaus|PsyCoLaus était constituée de 6’734 volontaires âgé·e·s de 35 à 75 ans. Environ 4’200 personnes y participent encore. Aujourd’hui, les plus âgées ont entre 90 et 95 ans.
Même groupe de volontaires depuis 2003
«La combinaison des deux volets d’investigation, l’un somatique et l’autre psychiatrique, font la spécificité de cette étude», soulignent le Pr Peter Vollenweider, professeur ordinaire à la Faculté de biologie et de médecine (FBM) de l'UNIL, co-investigateur de CoLaus|PsyCoLaus et chef du Service de médecine interne (CHUV) et le Pr Martin Preisig, professeur ordinaire à la FBM et co-investigateur du volet psychique de l’étude avec le Pr Armin von Gunten, professeur ordinaire à la FBM et responsable du Centre d’épidémiologie psychiatrique et de psychopathologie au Département de psychiatrie (CHUV).
«La durée du suivi des patients et leur adhésion est spectaculaire, ajoute le Pr Gérard Waeber, professeur ordinaire à la FBM, chef du Département de médecine du CHUV et l’un des initiateurs de CoLaus|PsyCoLaus. Par ailleurs, il est rare qu’autant d’éléments soient étudiés dans une cohorte: le sommeil, l’œil, le cerveau, les aspects psychiatriques et génétiques… Cette vision populationnelle exhaustive est assez remarquable.»
La participation au long cours des volontaires a permis la récolte d'un nombre considérable d’informations sur différents problèmes de santé. Des données qui, en plus d’offrir une vue d’ensemble sur l’état physique et psychique des Lausannois·es, fournissent un immense champ d’investigation aux chercheurs du monde entier et ont abouti à de nombreuses découvertes en santé publique, cardiologie, génétique ou encore psychiatrie.
Des découvertes aux implications concrètes
Les travaux de CoLaus|PsyCoLaus ont par exemple mis en évidence que la dépression dite «atypique» (un quart des personnes ayant vécu un épisode dépressif une fois dans leur vie, soit 10% de la population lausannoise) est associée à un risque accru de surcharge pondérale, facteur de risque important pour les maladies cardiovasculaires. Une autre sous-étude a mis au jour le rôle de l’environnement urbain sur le surpoids, concluant que ce dernier pourrait dépendre en partie du quartier où l’on vit.
Une analyse du sommeil de 2’100 participant·es pendant quatre ans a conduit à la création d’une application permettant d’évaluer son risque de souffrir d’apnées du sommeil, lesquelles ont une influence sur la santé mentale et/ou cardiovasculaire. CoLaus|PsyCoLaus a aussi contribué à découvrir des variants génétiques associés à un risque plus élevé de développer certaines maladies cardiovasculaires et psychiatriques.
Prochainement, les chercheurs et chercheuses se pencheront sur les liens entre santé et présence de métaux lourds, perturbateurs endocriniens et autres éléments toxiques.
«Un grand nombre de sous-études se sont ajoutées au fil des ans (lire encadré) et c’est aussi cet ajout de phénotypes très précis qui fait de CoLaus|PsyCoLaus une cohorte unique», relève le Pr Julien Vaucher, investigateur principal du volet somatique. La Fondation Leenaards vient de lui décerner un prix de 525’000 francs pour ses recherches en cours.
L’étude CoLaus|PsyCoLaus a donné lieu à plus de 600 publications scientifiques à ce jour, dont certaines dans les prestigieuses revues Nature ou The Lancet.