Antoine Lehmann, aujourd'hui chargé de recherche à l’OVPR, a réalisé son mémoire de master sur le CSP Genève suite à un stage de 7 mois au sein du « Secteur réfugiés ». Coup de projecteur.
Comment en êtes-vous venu à faire un stage au CSP Genève ?
Tout est parti du cours CAGE (CAuse Groupements Engagements), qui fait partie du cursus du master en science politique, dans lequel nous étions amenés à réaliser un travail au sein d’une organisation qui se situe dans l’action collective et/ou dans la sociologie du droit. Je souhaitais réaliser mon travail sur une association qui effectuait des permanences juridiques pour le droit d’asile. Je suis entré en contact avec le CSP de Genève qui dédie un pan de son activité à la défense de l’asile à travers un « Secteur réfugiés », et qui venait de systématiser l’ensemble de leurs archives des 50 derniers années. J’ai donc pu réaliser mon travail à l’aide de ces archives et à travers des contacts réguliers avec le chargé d’information. Durant mes recherches, je me suis rendu compte qu’outre la dimension de défense juridique individuelle, une large partie de leur travail était déployé dans le champ de l’action collective. Concrètement, le CSP Genève a un poste qui est dédié à porter plus loin les problématiques rencontrées par des juristes sur le terrain. À la fin du travail que je devais fournir pour le cours CAGE, j’étais très intéressé par le travail de l’organisation et je souhaitais en connaître encore plus. Le semestre suivant du master pouvait être dédié à la réalisation d’un stage. J’ai donc saisi cette opportunité en demandant au CSP s’il existait une possibilité, ce qui a été le cas. Cette proposition, couplée aux archives nouvellement constituées ont fait mûrir dans la tête du chargé d’information de l’époque, l’idée d’écrire un livre anniversaire sur les 50 ans du « Secteur réfugiés » qui intervenait en 2022.
Qu’est-ce que le stage comprenait comme activités et responsabilités ?
Ma tâche principale était de soutenir le chargé d’information pour toute la recherche dans les archives pour la préparation de l’ouvrage. On avait une quarantaine de boîtes d’archives, ce qui représente des dizaines de milliers de documents à parcourir. On a aussi décidé de mener des entretiens avec toutes les personnes qui ont travaillé pour le « Secteur réfugiés ». A cela s’ajoute la recherche photographique dans les archives du Courrier ou auprès d’agences de presse et un travail de présélection photographique et de coordination avec la personne chargée du graphisme du livre.
Parallèlement, j’ai également rédigé un chapitre qui s’appelle « Protester – proposer » et qui traite de l’usage de la démocratie semi-directe en Suisse par les organisations de défense du droit d’asile. L’idée pour le chapitre vient du constat que le CSP Genève est actif dans tous les référendums législatifs et toutes les campagnes qui portent sur le droit d’asile, souvent en réaction aux restrictions fédérales. Le chapitre questionne également l’utilité de ce mode d’action, étant donné qu’ils le perdent systématiquement (souvent avec un taux proche de 70%). J’ai pu démontrer que l’usage de la démocratie semi-directe servait principalement à créer et élargir un réseau militant, d’entretenir des liens dans le tissu associatif genevois, ainsi que d’avoir une parole égale dans le débat face aux opposants.
Comment en êtes-vous venu à faire votre travail de mémoire sur le CSP ?
Durant mon stage j’ai réalisé la richesse des données que j’avais récolté pour l’élaboration du livre Genève, terre d’asile ?. Etant donné que le livre traite plutôt de l’aspect historique de l’action collective, j’ai décidé de prolonger cette réflexion sur mon mémoire tout en privilégiant une dimension de sociologie de l’action collective et d’analyse de sociologie des organisations. Le travail de CAGE, prolongé par le stage et la participation à l’élaboration du livre a alors servi comme base pour mon mémoire « Le secteur réfugié du CSP de Genève : trajectoire d’une politisation ».
Pour conclure, quelle a été votre expérience de stage ?
Je pense que c’était une immersion dans le monde professionnel dans lequel mes compétences acquises lors de mes études universitaires ont pu être mises en valeur et utiles à l’organisation, et à un projet tel que l’élaboration d’un livre. Cette expérience a été l’occasion d’être plongé dans la défense d’une cause qui m’était chère. J’ai pu travailler avec des collègues doté·es d’immenses compétences et d’une large expérience. C’est une stimulation intellectuelle qui est tout à fait passionnante et intéressante qui s’ancre dans la pratique de la défense quotidienne du droit d’asile. Et ça a été une occasion de voir aussi le travail qu’il reste à faire pour maitriser réellement un sujet. Puisque en fait avec des études en science politique tu acquiers des compétences, puis ensuite tu te spécialises à travers ces compétences. Et moi j’ai commencé ce trajet de spécialisation dans un domaine qui m’intéresse afin de mettre en œuvre mes compétences.
Retrouvez le lien vers le livre « Genève : terre d’asile ? »