Le nouveau livre de Christian Arnsperger, paru dans la prestigieuse collection « Anthropocène », déconstruit les liens entre notre obsession de la croissance économique et nos peurs existentielles les plus profondes. Une transition écologique durable n’aura lieu que si, collectivement, nous portons autrement nos finitudes.
Pouvons-nous réellement (ré-)habiter notre condition terrestre sans faire face à ce qui se joue au plus profond de nous-mêmes ? Si le capitalisme continue obstinément d’orchestrer une croissance économique insoutenable, c’est qu’il se sert adroitement de nos fragilités existentielles. Telle est la thèse défendue dans le nouvel ouvrage du Prof. Christian Arnsperger (FGSE/IGD), paru aux Editions du Seuil dans la prestigieuse collection “Anthropocène”. L’économie est traversée d’enjeux tenaces et profondément enfouis, le plus souvent invisibles, comme le déni de la mortalité, la peur de la fragilité et de la souffrance, et l’angoisse du manque et de l’annihilation, qui peuvent court-circuiter notre capacité d’empathie et notre conscience environnementale pour faire de nous des êtres peu clairvoyants, impulsifs et parfois destructeurs.
La transition écologique implique dès lors non seulement des réformes structurelles de grande ampleur, mais aussi notre réinvention profonde en tant qu’êtres humains : nous avons à devenir lucides concernant les vulnérabilités existentielles qu’exploite en nous, à notre insu, le capitalisme croissanciste. Notre plasticité anthropologique nous aidera à y travailler collectivement, par des solutions non consuméristes ouvrant des horizons d’expérimentation radicale.
C’est de cette mutation humaine et d’un nouveau rapport à la mort, donc à la vie, que pourra émerger, grâce à une réconciliation avec notre finitude et celle de la Terre, une existence écologique post-capitaliste.