Parution dans la revue "Temporalités" d'une contribution d'Andrea Pilotti (IEP-Ovpr et Obelis) sur les temporalités du travail parlementaire à l'Assemblée fédérale de 1848 à nos jours.
Alors que dans la majorité des démocraties libérales le mandat d’élu·e au législatif national est rempli à plein temps depuis la fin du XIXe siècle, les membres de l’Assemblée fédérale en Suisse exercent leur fonction comme une charge à temps partiel faiblement indemnisée, dite de « milice ». Notre article illustre comment le principe de milice, véritable norme culturelle dominante de l’engagement public, a influencé les temporalités du travail parlementaire. Pour ce faire, l’analyse se penche, d’une part, sur l’impact que ce principe exerce sur les carrières politiques individuelles, en participant à accroître la sélectivité des trajectoires biographiques des parlementaires helvétiques sur le plan socioprofessionnel. D’autre part, l’article montre dans quelle mesure le principe de milice affecte aussi les temporalités de l’institution parlementaire elle-même. Depuis les années 1960, plusieurs débats émergent autour de la pertinence de cette « règle du jeu politique » dans le cadre d’un contexte en évolution qui remet en cause les anciennes temporalités pour en faire apparaître de nouvelles, en raison d’une augmentation de la charge de travail et une professionnalisation du mandat d’élu·e au Parlement suisse.