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Aurélie Schmassmann (OUVEMA/UNIL) et Daniel Baehler (bfm) se sont rendus en train à Amsterdam pour la 6ème édition de la Cycling Research Board qui s’est déroulée du 5 au 7 octobre. L’occasion pour eux de tester les infrastructures cyclables au paradis de la petite reine. Ils nous partagent leur expérience.
Aurélie Schmassmann (OUVEMA/UNIL) et Daniel Baehler, du bureau bfm, ont présenté quelques résultats d’une étude menée sur l’éducation cycliste en Suisse et animé une discussion à ce sujet avec des participant-e-s internationaux. Alors que l’éducation cycliste est très disparate entre les pays, et même au sein des pays – c’est notamment le cas de la Suisse –, les débats menés au cours de la conférence ont débouché sur la nécessité d’aménager des infrastructures cyclables. En effet, si nous changions de perspective, adoptions un nouveau langage, ne pourrions-nous pas envisager de placer les cyclistes et les piétons au centre de notre système de mobilité ? Les automobilistes et les transports publics ne seraient alors que des invités de la route, du moins dans les zones centres. De ce point de vue, une éducation cycliste est-elle tant nécessaire ?
Durant notre séjour amstellodamois, nous avons pu observer ce changement de perspective. Ici, les cyclistes sont effectivement rois. Nous connaissons bien l’exemple du rond-point néerlandais, où les cyclistes ont la priorité à chaque intersection. Et cela ne s’arrête pas au centre-ville, les aménagements sont continus et sécurisés sur des centaines de kilomètres, reliant les différents centres de l’agglomération, avec bien sûr des indications régulières pour ne pas devoir sortir le GPS à chaque carrefour ! Sur sa bicyclette hollandaise, pas besoin d’être en alerte constante, de se dépêcher pour atteindre le plus rapidement possible sa destination et se réfugier en lieu sûr. On prend le temps, on observe, on s’imprègne du paysage et on sourit ! Et tout semble plus léger et agréable pour toutes et tous ! Car ici tout le monde en profite, des plus petits assis dans leur siège à l’avant du vélo aux grands-parents sur leur vélo à assistance électrique. Alors non, les photos types des cyclistes hollandais avec des petites têtes blondes à bord des vélos-cargos ne sont pas du marketing, on en voit partout ! 😉
Toutefois, ces aménagements ont aussi leurs limites. Le flux cycliste est tellement important que les aménagements en deviennent restreints. Les différentiels de vitesse entre vélo mécanique, enfants, personnes âgées, vélo-cargos et vélos à assistance électriques interrogent également ce système. Devons-nous dédier une voie à chacun de ces types de vélos afin de permettre un trafic fluide et sécurisé pour tous ? Le modèle de la fietstraat (rue vélos) permet en partie de répondre à ce questionnement. Sur ces axes (même des axes principaux), la rue appartient aux cyclistes, les voitures sont invitées à rester derrière eux et à respecter leur allure. Les gabarits offrent une largeur amplement suffisante pour un dépassement aisé entre les différents usagers, mais également aux cyclistes de circuler côte à côte. Le vélo devient ainsi un moyen de déplacement social, ludique et utilitaire à la fois.
L’espace public voit aussi ses limites et se retrouve encombré de vélos stationnés. Des vélostations et autres parkings sécurisés sont donc développés, y compris dans les centres-villes et les quartiers d’habitation. Aux gares et dans les centres historiques, les premières 24h sont gratuites afin d’encourager les cyclistes à stationner leur vélo dans un espace dédié et sécurisé plutôt que de le laisser dans la rue.
Les Pays-Bas offrent ainsi un système de mobilité bien différent de nos modèles, accessibles à tous et respectueux de l’environnement. En faisant du vélo une priorité dans l’aménagement routier, sa pratique devient sécurisée, confortable et agréable pour tous les âges et tous les types de cyclistes. N’oublions pas de rappeler d’où part le modèle néerlandais : une emprise de la voiture dans l’espace public jugée trop importante par sa population, qui a revendiqué des rues sécurisées pour ses enfants. Et si nous aussi, nous redéfinissions la priorité de nos modes de déplacement, n’arriverions-nous pas à offrir des rues vivantes, vertes et sécurisées pour tous les usagers ?