Non seulement les abeilles savent compter, mais elles sont aussi capables d’organiser les nombres de gauche à droite. C'est la conclusion d'une étude menée par Prof. Thevenot (Institut de Psychologie, UNIL) et des chercheurs français et italiens, publiée dans la prestigieuse revue PNAS.
La capacité à appréhender les nombres existe chez diverses espèces de vertébrés mais aussi chez les abeilles domestiques, ce qui permet de supposer des liens existant entre espèces apparentées dans le cadre des systèmes de numération. L’étude publiée récemment dans PNAS démontre que les abeilles, comme les humains, organisent les nombres spatialement de gauche à droite en fonction de leur taille. C’est ce qu’on appelle une ligne mentale numérique (LMN).
Les chercheurs et chercheuses impliqué·es dans cette étude, dont font partie Prof. Thevenot et Prof. Hilpert (Institut de Psychologie, UNIL), expliquent que, du fait que « les origines culturelles ou biologiques de cette LMN font l'objet d'un débat, notre étude fournit une perspective importante pour cette discussion. » En effet, le fait d’associer les petits nombres à l'espace gauche et les grands nombres à l'espace droit est souvent considéré comme un résultat culturel, principalement attribué aux habitudes d'écriture et de lecture.
L’étude a cependant démontré que les abeilles domestiques entraînées à associer des nombres à une récompense de saccharose représentent les nombres auxquels elles n’ont pas été entrainés de gauche à droite selon leur taille (ou magnitude), et que l'emplacement d'un nombre sur cette échelle dépend du nombre de référence précédemment entraîné.
Cette découverte induit que la LMN est une représentation numérique biologique commune au système nerveux de différentes espèces -une forme de représentation numérique ancrée dans l'organisation des systèmes nerveux latéralisés- avec des origines évolutives lointaines.
Une question cruciale, qui transparaît dans les résultats, est l'origine d'une association numérique spatiale de gauche à droite, plutôt que de droite à gauche, chez les vertébrés (humains et animaux) et les invertébrés. Bien qu'en principe arbitraire, la direction de la cartographie de gauche à droite au cours de l'évolution pourrait avoir été imposée par l'asymétrie du cerveau. L’équipe de recherche explique qu’un tel trait commun et ancien, présent chez un large éventail de vertébrés et d'invertébrés, peut avoir aidé différentes espèces à mieux traiter différents types d'informations au fil des adaptations survenues dans le temps.
Pour en savoir plus :
https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2203584119