Quatre chercheuses se penchent sur l’histoire du divorce dans les cantons de Vaud et Fribourg entre 1960 et 2020
Marta Roca i Escoda (CEG) et son équipe (Anne-Françoise Praz – Département d'Histoire contemporaine UNIFR, Fiona Friedli – CEG , Aurore Müler – Département d'Histoire contemporaine UNIFR), ont obtenu un fonds FNS pour une recherche de 36 mois sur les pratiques judiciaires, et les inégalités sociales et de genre dans les divorces des cantons de Vaud et Fribourg entre 1960 et 2020.
Les chercheuses expliquent: Cette recherche comparative envisage une micro-histoire du divorce, du point de vue des conjoint·es et des acteurs·trices judiciaires. Deux moments sont analysés : la «transition du divorce» (1960-1990), et la situation en 2020, au terme d’une série de réformes. Nous posons l’hypothèse que la transition du divorce s’inscrit plutôt dans une continuité que dans une rupture : elle resterait marquée par des asymétries sociales et de genre et par la continuité des cultures judiciaires cantonales.
Cette hypothèse appelle plusieurs sous-questions. Quand, où et pourquoi le divorce est-il davantage initié par les hommes, les femmes, les classes sociales supérieures ou populaires? Quel rôle jouent les nouvelles exigences de la parentalité dans cette transition? L’évolution des pratiques judiciaires vers le divorce consensuel reconduit-elle des inégalités? Comment les juges de 2020 composent-ils/elles avec la nouvelle loi suisse du divorce et les conventions internationales?
Notre source principale est constituée des dossiers de divorce (archives judicaires), qui permettent la micro-analyse prévue. Ils feront l’objet d’une analyse quantitative et qualitative, afin de saisir les changements des rapports de genre dans les motivations du divorce, l’impact des cultures institutionnelles cantonales, les effets des jugements sur les inégalités sociales et de genre. Pour l’année 2020, l’analyse sera complétée par des entretiens avec des juges des deux cantons.
Cette recherche comble une lacune dans l’histoire sociale du divorce en Suisse. Ces acquis seront utiles en lien avec les changements récents et les débats à venir. Ils renseigneront les tribunaux sur les défis que représente l’intégration des nouvelles obligations du droit international (égalité, enfance, violence domestique).