Dans le cadre de la Cérémonie d’ouverture des cours de la Faculté des SSP, le 22 septembre prochain, la Professeure Eva Heim (Institut de Psychologie, membre du FADO), donnera une conférence sur la nécessité d’intégrer le contexte socio-culturel dans la compréhension du trouble mental, de son vécu et de sa prise en charge.
Le trouble mental, c’est quoi ?
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un trouble mental se caractérise par une altération majeure, sur le plan clinique, de l’état cognitif, de la régulation des émotions ou du comportement d’un individu. Il s’accompagne généralement d’un sentiment de détresse ou de déficiences fonctionnelles dans des domaines importants. Il existe de nombreux types de troubles mentaux, désignés aussi sous le nom de problèmes de santé mentale. Cette dernière expression, plus large, englobe les troubles mentaux, les handicaps psychosociaux et d’autres états mentaux associés à un sentiment de détresse, à des déficiences fonctionnelles ou à un risque de comportement auto-agressif importants.
« Les troubles mentaux peuvent être imaginés comme un « univers de symptômes » au sein duquel se dessinent des « constellations de symptômes » correspondant à différents diagnostics. Ces constellations de symptômes, ainsi que la conceptualisation même de la santé mentale, varient d’un groupe culturel à l’autre » complète la Prof. Eva Heim.
Aider à la formulation des diagnostics
Parallèlement au contexte culturel, le vécu des personnes affectées par les troubles mentaux est également étroitement lié à leur contexte social. « Les facteurs sociaux tels que le genre, le statut social, l’appartenance à une minorité ethnique ou politique, entre autres, peuvent favoriser le développement d’un trouble » explique Eva Heim. « Qui plus est, la stigmatisation des troubles mentaux ainsi que l’accès aux soins peuvent tout deux retarder le traitement ».
Par conséquent, il est primordial d’inclure les facteurs culturels et structurels (tels que l'inégalité et/ou la discrimination) dans la formulation des diagnostics, ainsi que dans le traitement des troubles mentaux afin de répondre aux besoins pluriels des patient·e·s.
Lors de sa conférence du 22 septembre prochain, Eva Heim parlera de l’importance du contexte socio-culturel lorsque l’on aborde les composantes multiples de la santé mentale.
En se basant sur la littérature actuelle et des recherches quantitatives et qualitatives, Eva Heim vise notamment à développer des modules diagnostiques complémentaires à ceux proposés par la classification internationale des maladies (CIM-11) et à adapter culturellement des suivis psychologiques pour différents groupes cibles affectés par des adversités.
Des recherches qui démontrent la nécessité d’agir
Selon les chiffres de l’OMS, la pandémie de COVID-19 a créé une crise mondiale pour la santé mentale, alimentant le stress à court et à long terme et détériorant la santé mentale de millions de personnes. En 2019, avant la pandémie, une personne sur huit dans le monde – soit 970 millions de personnes – présentait un trouble mental, les troubles anxieux et les troubles dépressifs étant les plus courants. Selon les estimations, l'augmentation des troubles anxieux et dépressifs a été de plus de 25 % au cours de la première année de la pandémie. Dans le même temps, les services de santé mentale ont été gravement perturbés et l'écart de traitement des troubles mentaux s'est creusé.
Tout au long de son parcours académique, Eva Heim, professeure de psychologie clinique transculturelle, a abordé la question des troubles mentaux et de leur traitement en prenant en compte le contexte social et culturel dans lequel s’inscrit l’individu.
« Pour ma thèse de doctorat, j’ai mené une recherche en Bolivie pendant quatre ans auprès de femmes peu fortunées qui subissaient des violences conjugales » raconte-t-elle. Puis, pendant son post-doc, elle a collaboré avec l’Organisation Mondiale de la Santé et le Ministère de la Santé au Liban afin de développer et d’évaluer un programme d’auto-assistance encadré pour traiter la dépression de différents groupes socio-culturels qui ont vécu des adversités (voir actualité). De plus, avec son groupe de recherche au sein de l’Institut de Psychologie à l’Université de Zurich, elle a adapté culturellement ce programme nommé « Pas-à-Pas » pour les immigrant·es albanais·es en Suisse et en Allemagne.
Dans sa recherche actuelle à l’Université de Lausanne, elle étudie le trauma complexe chez les populations réfugiées en Suisse afin d’adapter et tester un manuel thérapeutique pour le traitement de ce trouble. Ce nouveau projet de recherche est mené en collaboration avec la Consultation psychothérapeutique pour Migrant·e·s de l’association Appartenances et la Croix Rouge.
Lutter contre la stigmatisation des troubles mentaux
Eva Heim est aussi partie prenante de la Commission Lancet qui aborde la stigmatisation des troubles mentaux au niveau mondial. Le 10 octobre 2022, à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, cette Commission sortira un rapport regroupant des travaux de recherche dédiés aux initiatives et programmes visant à éradiquer la stigmatisation et la discrimination des troubles mentaux (voir annonce).
" Il est urgent de réévaluer ce domaine et de formuler un ensemble de recommandations pratiques pour guider l'action aux niveaux local, national et mondial afin de lutter contre la stigmatisation et la discrimination liées à la santé mentale " conclut-elle.
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Conférence publique de la Professeure Eva Heim
« La santé mentale mise en contexte, Comment intégrer le contexte socio-culturel dans la compréhension du trouble, de son vécu et de sa prise en charge ? »
Jeudi 22 septembre 2022 | Aula de l'IDHEAP, 17h15.
Arrêt M1: UNIL-Mouline. Sur inscription : www.unil.ch/ssp/OC2022
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