6e colloque international 2023 porté par la Société Française Vladimir Nabokov. Délai d'envoi des propositions: 16 octobre 2022.
Argumentaire
L’Université de Lausanne, la Société Française Vladimir Nabokov et la Fondation Jan Michalski s’associent pour l’organisation du sixième colloque international porté par la Société Française Vladimir Nabokov. Après les trois colloques de Paris (2013, 2019, 2021), Biarritz (2016), Lille et Chapel Hill (2018), ce congrès explorera les riches relations de l’écriture nabokovienne au monde naturel.
Ce colloque se déploiera sur la Riviera suisse, où Nabokov résida de 1961 à sa mort en 1977, composant ses romans dans une suite du Montreux Palace et chassant les papillons dans les alpages. Le Musée Cantonal de Zoologie de Lausanne est par ailleurs dépositaire de la dernière collection de papillons de Nabokov, dont les travaux scientifiques sont reconnus par la communauté des entomologistes du monde entier.
Le lieu du colloque se prête donc tout particulièrement à un examen du rapport qu’entretenait l’écrivain-entomologiste au monde naturel, et invite à explorer l’écriture de Nabokov dans sa mise en mots du monde, en analysant la nature de l’écriture et l’écriture de la nature dans son œuvre.
Ce colloque résolument interdisciplinaire invite des spécialistes de littérature russe, américaine et comparée, mais également des entomologistes, des botanistes, des écosystémistes, des traductologues et des philosophes. En effet, c’est en combinant les perspectives et les méthodologies que l’on pourra saisir la complexité du rapport au monde naturel de Nabokov, et contribuer à renouveler notre regard sur la nature.
Dans l’immense corpus des études nabokoviennes, le rapport à la nature n’occupe pas encore la place qui devrait être la sienne. L’œuvre de Nabokov, par son envergure temporelle, linguistique et géographique, rend compte des évolutions des rapports des humains au monde naturel, et des effets de l’action humaine, produisant, à l’heure de l’Anthropocène, ce que Bruno Latour appelle de "nouveaux régimes climatiques". Si plusieurs ouvrages essentiels ont été publiés sur son œuvre scientifique et sur la présence des papillons dans son œuvre (Boyd, Johnson, Alexander, Gould, Remington, Karges), peu de travaux ont été consacrés aux rapports entre l’écriture littéraire et la recherche scientifique de Nabokov (Blackwell, Zimmer, Durantaye). Plus rares encore sont les publications qui portent sur la place dans son œuvre "des choses de la nature", que ce soient les papillons, mais aussi d’autres insectes, la botanique, les champignons, les animaux et les écosystèmes: tourbières, montagnes, plaines, et rivages de la Russie à la Suisse, en passant par la Crimée, l’Allemagne, le Sud de la France et les États-Unis. Le colloque est l’occasion d’étudier la présence et le rôle du monde naturel dans l’œuvre littéraire de Nabokov, et de mieux comprendre l’évolution du rapport de l’écrivain à la nature.
Ce colloque propose de saisir le regard unique que Nabokov posait sur le monde naturel: un regard mêlé d’admiration et de fascination, un regard de connaisseur, et un regard d’expert. Il s’agit également de documenter et d’étudier l’évolution du rapport de l’écrivain à la nature: depuis l’enfant faisant ses premières découvertes, guidé par ses parents (les rôles majeurs de son père, dont le colloque marquera le centenaire de l’assassinat en 1922, et qui fit découvrir l’entomologie à son fils, et de sa mère, connaisseuse experte des champignons, sont à éclairer), au jeune exilé en Crimée ou dans le Sud de la France, puis au chercheur à Harvard parcourant l’Ouest américain, et enfin au "vieux naturaliste" "avec son filet troué" dans les alpages du canton de Vaud. À chaque exil, Nabokov perdit sa collection de papillons, mais il fit bruisser ses pages de la nature parcourue - en russe, en français, en anglais.
Le colloque invite les participant.e.s à inscrire leurs réflexions dans les travaux actuels en écocritique, écopoétique et en humanités environnementales afin de situer le rapport de Nabokov à la nature, et l’évolution de ce dernier au fil du temps et des exils. Les réflexions s’efforceront d’éclairer la manière dont Nabokov donnait un sens au réel en le mettant en mots, et ouvrait le lecteur à des réalités souvent insoupçonnées, ainsi qu’à des dimensions sensibles autres - celles d’un écrivain entomologiste trilingue, synesthète, grand amateur de dictionnaires et écologiste avant l’heure.
La dimension plurilingue de l’œuvre de Nabokov est un autre élément essentiel de son rapport à la nature, car Nabokov mieux que quiconque avait une conscience aiguë que le monde ne se partage pas exactement de la même manière d’une langue à l’autre: les mots mêmes pour décrire la nature (dénominations, couleurs, sons, formes, connotations) dévoilent les variations de perception et la richesse des sensibilités propres à chaque langue-culture, qui infusent son œuvre littéraire dans sa dimension écopoétique.
Pourront ainsi être envisagées, sans que cette liste ne soit exhaustive, les pistes de réflexion suivantes :
Les pistes de réflexion étant interdisciplinaires, les présentations à deux ou trois voix sont bienvenues.
NB: les propositions engageant une réflexion sur la nature de l’écriture de Nabokov, et sur son rapport à la nature d’après ses écrits sont particulièrement attendues. Les communications dépassant la dimension thématique pour élaborer une analyse de l’écriture seront privilégiées.
Les propositions de communication de 400 mots maximum, accompagnées d’une courte biographie de 300 mots maximum, peuvent être rédigées en français, en anglais, ou en russe. Elles sont à adresser à NabokovLausanne2023@vladimir-nabokov.org au plus tard le 16 octobre 2022.
Conférenciers pléniers invités
Organisation