Stephanie Steinmetz, professeure associée de stratification sociale à la Faculté des sciences sociales et politiques de l'Université de Lausanne, décroche un des prestigieux Consolidator Grants 2021 octroyé par le European Research Council.
Ce subside de recherche d'un montant de près de deux millions d'euros financera un projet de recherche de 5 ans, visant à améliorer le positionnement des femmes migrantes sur le marché du travail en Europe.
Politique migratoire dans l’Union européenne
Compte tenu des processus migratoires actuels et de la diversité ethnique croissante de la main-d'œuvre féminine, cette recherche est d'une pertinence sociale et politique extrême. « Une compréhension approfondie des défis auxquels sont confrontés les femmes migrantes est une condition préalable à la réussite des mesures d'intégration des femmes migrantes dans l'UE » explique Prof. Steinmetz. « Notre recherche offre un cadre théorique complet et sans précédent pour affiner la compréhension de l'impact combiné du genre et du contexte migratoire sur les systèmes d'inégalité. »
Au niveau européen, protéger les droits des femmes et des filles migrantes, réfugiées et demandeuses d’asile constitue l’un des six objectifs définis dans la stratégie du Conseil de l’Europe pour l’égalité entre les femmes et les hommes (2018-2023).
Notons également que la Commission européenne a lancé fin 2020 un plan d'action pour aider les Etats membres à renforcer la mise en oeuvre de leurs politiques d'intégration envers les migrant·e·s. Ce document fait état du rôle-clé joué par les migrant·e·s et les citoyen·nes européens issus de l'immigration dans l'économie et la société européenne. Il souligne que « les jeunes migrants (18-24 ans) nés en dehors de l'UE étaient beaucoup plus susceptibles (21%) que les natifs (12,5%) de n'avoir "ni emploi ni formation", en particulier les filles et les jeunes femmes migrantes (25,9%). »
Vulnérabilité des femmes migrantes sur le marché du travail
L'urgence de clarifier l'impact du genre et de l'origine migratoire sur les résultats du marché du travail est dès lors évidente. Cependant, malgré les avancées marquantes des femmes dans le domaine de l'éducation et les diverses mesures visant à lutter contre les inégalités entre les genres, l'écart salarial entre les femmes et les hommes et d'autres formes d'inégalité de traitement persistent. Les femmes migrantes sont particulièrement vulnérables, sans doute du fait qu’elles sont confrontées au double désavantage lié au genre et à l'origine ethnique.
Une recherche transnationale, multi-méthodes et multi-niveaux
Dans ce contexte, le projet de recherche « PROFEM » explore de nouvelles pistes de recherche et remet en question la compréhension théorique et empirique des processus de stratification. Suivant une approche intersectionnelle, il examine les processus de ségrégation professionnelle du point de vue du genre et de la migration à travers plusieurs pays et dans le temps.
Les objectifs escomptés du projet seront multiples. Au-delà d’améliorer les mesures de ségrégation professionnelle liée au genre et à la migration, il s’agira de développer une typologie des régimes de ségrégation dans l'UE et d’analyser la gestion des différences liées au genre et à la migration dans les entreprises.
« Il est en effet essentiel de pouvoir aborder l'impact des contextes institutionnels sur le maintien des différences liées au genre et à la migration. » conclut la Prof. Steinmetz.
Depuis le 1er janvier 2019, Stephanie Steinmetz est professeure associée de stratification sociale à l’Institut des sciences sociales (ISS) de la Faculté des sciences sociales et politiques de l’UNIL, où elle collabore étroitement avec la Fondation pour la recherche en sciences sociales (FORS) et le Centre LIVES-UNIL, qui étudie les effets de l'économie et de la société sur l'évolution de situations de vulnérabilité par le biais d'études longitudinales et comparatives.
Dans le cadre de ses recherches à l’Université de Lausanne, elle s’intéresse à la manière dont les principales dimensions de la stratification sociale, telles que le genre, l’ethnicité, la classe sociale et la sexualité – mais aussi leurs intersections – façonnent les inégalités au cours de la vie et entre les sociétés, par exemple dans le domaine de l’éducation et sur le marché du travail.
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En raison de notre statut actuel de «pays tiers» au sein d’Horizon Europe, les appels pour les ERC Grants 2022 ne sont pas ouverts aux institutions suisses. Sur mandat du SEFRI, des mesures de transition sont mises en oeuvre par le Fonds National.
L’appel pour les SNSF Consolidator Grants 2022 a été lancé le 1er mars. Pré-enregistrement : 2 mai 2022. Délai de soumission : 1er juin 2022. Information: Euresearch UNIL/CHUV, Anne-Emmanuelle.deCrousaz(at)unil.ch, 021 692 60 36.