Une équipe de chercheuses CHUV-UNIL vient de développer une activité thérapeutique de brève durée ayant permis de diminuer de 82% les flashback liés à l’accouchement. Ce traitement pourrait réduire, en un seul rendez-vous, les symptômes du stress post-traumatique lié à l’accouchement.
Le trouble du stress post-traumatique lié à l’accouchement (TSPT-A) est un trouble de la santé mentale que développent 4 à 6% des femmes après leur accouchement. Il se caractérise notamment par des flashback, c’est-à-dire des sensations ou images douloureuses de l’accouchement, qui reviennent spontanément en tête, telle que la vision du bébé inerte après la naissance. Ces fragments de souvenirs peuvent fortement perturber la vie quotidienne, mais aussi contribuer à aggraver les autres symptômes de TSPT-A. Actuellement, les traitements du TSPT-A sont peu nombreux et nécessitent généralement des rendez-vous répétés avec un·e thérapeute.
Utiliser les mécanismes de reconsolidation de la mémoire
Cherchant à développer un nouveau traitement, l’équipe de recherche s’est appuyée sur les mécanismes de reconsolidation de la mémoire, qui permettent de travailler sur le vécu traumatique d’un évènement. L’activité a été proposée à 18 femmes souffrant de flashback réguliers de leur accouchement, qui avaient accouché en moyenne deux ans auparavant. Cette activité durait environ une heure et impliquait un bref récit de l’accouchement suivi d’une session du jeu Tetris : « Nous pensons qu’une tâche visuo-spatiale telle que Tetris permet d’éviter aux images traumatiques, que l’on retrouve dans les flashback, de se reconsolider en mémoire, et donc de surgir ensuite de façon intempestive à l’esprit » expliquent la Pre Antje Horsch, et la Dre Camille Deforges, toutes deux affiliées à l’Institut universitaire de formation et de recherche en soins CHUV-UNIL (IUFRS) et qui ont coordonné cette recherche. Pour mesurer les bénéfices de l’activité, les femmes remplissaient un journal dans lequel elles notaient tous leurs retours en arrière durant les semaines précédant et suivant l’activité.
Les résultats de cette étude pilote, qui viennent de paraître dans le Journal of Affective Disorders, montrent que les flashback liés à l’accouchement ont diminué de 82% suite à l’activité, et que les symptômes de TSPT-A ont, quant à eux, diminué de 57%. « Avant [le rendez-vous], ce n’était pas du tout envisageable, mais maintenant on essaye de faire un deuxième enfant » témoigne l’une des femmes ayant participé à l’étude. « Pour être honnête quand j’ai joué à Tetris je n’y croyais pas trop », s’amuse une autre participante, « et au final je ne fais plus de cauchemars, je n’ai plus de flashback, je ne suis plus angoissée donc, pour moi en tout cas, ça a très très bien marché ».
Ces résultats encourageants suggèrent qu’une simple activité pourrait soutenir efficacement les femmes concernées par le TSPT-A. Plus globalement, elle pourrait aussi être bénéfique pour toute personne ayant vécu un évènement traumatique et souffrant de flashback. Avant de pouvoir l’affirmer, de nouvelles études sont nécessaires. C’est la raison pour laquelle le Fonds national suisse de la recherche scientifique a accordé à la Pre Horsch un financement qui permettra de tester l’activité dans un essai clinique randomisé de plus grand ampleur.