Une étude menée par Daniel Schechter, professeur associé à la Faculté de biologie et de médecine de l'UNIL et médecin adjoint au Service universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent du Département de psychiatrie du CHUV, montre que les mères atteintes d’un trouble de stress post-traumatique suite à une agression interprètent mal les émotions de leurs enfants, une difficulté associée à l’agressivité et à la dépression de leurs enfants.
Lorsqu’une enfant est exposée à la violence interpersonnelle, comme un viol, elle peut développer un trouble de stress aigu appelé le trouble de stress post-traumatique (TSPT) et transmettre ce traumatisme à ses futurs enfants pendant une période du développement cérébral sensible pour l’acquisition de compétences socioémotionnelles.
Pour tenter de briser cette chaine de transmission, les chercheurs et les chercheuses du Service universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (SUPEA) du Département de psychiatrie du CHUV, soutenu.e.s par le Pôle de recherche national Synapsy, ont examiné l’influence de ces mères sur la capacité émotionnelle de leurs propres enfants. Soixante et un duos mères-enfants ont participé à cette étude pour un suivi de près de 11 ans.
Les résultats, à lire dans la revue European Journal of Psychotraumatology, montrent que les mères atteintes d’un TSPT sont moins capables de se mettre à la place de leur enfant lorsqu’il s’agit de comprendre ou prédire leurs émotions. Cette difficulté maternelle est associée avec des troubles comportementaux comme l’agression, et des troubles de l’humeur comme la dépression, chez leurs enfants. Ces résultats indiquent qu’il est important d’intervenir tôt avec les mères traumatisées pour qu’elles renforcent leurs liens aux autres et réduisent ainsi le risque de provoquer des psychopathologies chez leurs enfants.
«Les violences domestiques sont très courantes en Suisse, en 2019 plus de 19’000 infractions ont été enregistrées dans le contexte de la violence domestique et beaucoup ne sont pas rapportées. De plus, elles n’ont fait qu’augmenter pendant la pandémie COVID-19» déclare Daniel Schechter, médecin adjoint au Service universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (SUPEA) du Département de psychiatrie du CHUV, professeur associé à l’UNIL et chercheur au Pôle national de recherche Synapsy. Ces violences, viols ou lésions corporelles, comprennent celles entre partenaires, entre parents et enfants au sein de la famille élargie et les victimes sont majoritairement des femmes. Beaucoup vont développer des maladies psychiatriques liées au stress engendré par leur vécu, dont le trouble de stress post-traumatique qui se caractérise par une dysrégulation émotionnelle et physiologique et une vigilance aux émotions négatives. Selon les travaux de recherche antérieurs de Daniel Schechter, les femmes traumatisées transmettent souvent leurs troubles à leur progéniture.
L’objectif de cette nouvelle étude est d’examiner comment le trouble post-traumatique lié à la violence interpersonnelle chez les mères affecte leur capacité à prédire la compréhension émotionnelle de leurs enfants et si cela influe sur la santé mentale de ces derniers.
Lire le communiqué rédigé par NCCR-Synapsy