Les mouvements cyclistes se sont multipliés en Amérique du Sud, et notamment à Santiago du Chili, où leur ampleur a permis d’agréger des revendications de tout ordre: cyclistes mais aussi sociales, féministes et écologiques. Matthieu Gillot et Patrick Rérat (IGD et OUVEMA) ont analysé cette « révolution cycliste plurinationale » qui réunit chaque semaine plusieurs milliers de personnes.
La Révolution cycliste plurinationale de Santiago reprend les principes des Critical masses. Elle rassemble des cyclistes qui traversent la ville en nombre et revendiquent la place du vélo (infrastructures, remise en question de la place du trafic routier). Elle se distingue toutefois des mobilisations cyclistes traditionnelles en servant aussi de support à des revendications politiques, environnementales et féministes. Elle participe ainsi aux mouvements de contestation qui traversent le Chili depuis octobre 2019.
En utilisant le prisme de la justice mobilitaire de Mimi Sheller, l’article montre que ces revendications renvoient à des crises de mobilité. Elles mettent en exergue les inégalités dans la possibilité de se déplacer de manière sécurisée en fonction de la classe sociale, du genre, de l’orientation sexuelle ou du mode de transport et dénoncent les structures qui les perpétuent (système politique, économie néolibérale, patriarcat, système automobile). Elles illustrent également les différentes échelles des crises de mobilité passant du corps (déplacements par la force physique mais aussi revendications de sécurité et d’intégrité) à la planète (impacts environnementaux) en passant par la ville (accès aux aménités urbaines) et le pays (système politique).
L’article a été publié en français et en anglais dans le « Carnet des Suds » du Forum Vies Mobiles: https://fr.forumviesmobiles.org/southern-diaries/2022/01/25/revolution-cycliste-plurinationale-santiago-ou-velo-comme-outil-revendications-plurielles-13932
Le projet "Collective cycling mobilisations in South America: Right to the city and mobility justice" (CRSK-1_190831) est financé par le Fonds national suisse de la recherche scientifique.