Le 7 et 8 octobre 2021 s’est tenu un séminaire de recherche sur la durabilité des pratiques récréatives dans l’espace Mont-Blanc soutenu par le réseau Alliance Campus Rhodanien et co-organisé par le CIRM (Suisse) et le laboratoire EDYTEM (France).
Dans un objectif d’interconnaissance, ce séminaire a rassemblé une vingtaine de chercheurs et doctorant.e.s venant des Universités de Lyon, Grenoble, Chambéry et Lausanne. La première journée a été organisée à partir de l’intervention d’ASTERS, le Conservatoire d’Espaces Naturels de Haute-Savoie, qui a emmené les participant.e.s sur le terrain afin de visiter différents sites de pratiques récréatives. Ainsi, ASTERS a pu présenter quelques enjeux liés aux activités de canyoning sur le site de Barberine à la frontière franco-suisse, mettant en évidence les problématiques d’aménagement et de naturalité du site, revenant sur les questions de pollution sonore ou encore d’impact sur les milieux. Par ailleurs, les participant.e.s ont pu discuter d’autres problématiques telles que la question du partage de l’espace entre les domaines skiables et les réserves naturelles. Le manque d’enneigement, la Covid ainsi que la résilience des petites stations familiales comme celle de Vallorcine ont aussi été discutés en regard des modèles de station plus importants mais moins résilients économiquement. La visite d’un site d’escalade sur glace proche du domaine skiable de la Poya a permis de prendre la mesure des initiatives individuelles en matière d’aménagement de sites pour le développement des sports de nature. La construction d’un mur de glace artificiel a en effet permis la démocratisation d’une pratique initialement réservée aux alpinistes de haute-montagne. Toutefois, ce type d’aménagement soulève la question de l’augmentation de la fréquentation de sites de montagne, augmentation amenant de nouveaux enjeux pour les gestionnaires d’espaces naturels où l’équilibre entre protection et valorisation des sites semble de plus en plus difficile à trouver. Le renouveau des pratiques de bivouac de proximité a notamment à cet égard été questionné. Si ces pratiques restent hétérogènes et ont des impacts différenciés en fonction des zones, les enjeux liés à la pollution par les déchets, les conflits d’usage avec les acteurs locaux, les piétinements sur la végétation ou encore l’impact sur le paysage avec l’augmentation des flux ont été discuté.
En plus de cette rencontre sur le terrain, permettant de mieux connaître et d’illustrer les problématiques locales, le séminaire s’est prolongé avec la tenue d’un atelier de travail collectif. Après un brainstorming et une mise en commun autour de la définition de la durabilité des pratiques récréatives, 3 thèmes de réflexion ont été identifiés : la « déconstruction de la notion de durabilité lorsqu’on aborde les enjeux liés aux pratiques récréatives », le « vivre ensemble humain et non humain » dans la mise en œuvre des sports de nature et la question de la « décroissance des flux » interrogeant des enjeux de slow tourism et de manière de mettre en œuvre une pratique récréative aujourd’hui.
La journée du 8 octobre s’est articulée autour de la présentation du projet MIRE (« Montagne, Infrastructures, Risques, Environnement », porté par la Fondation de l’Université Savoie Mont-Blanc, au bénéfice d’une montagne durable et responsable dans le futur. Enfin, les participants ont bénéficié des explications et échanges de plusieurs chercheurs spécialistes des pratiques d’alpinistes et du tourisme glaciaire lors d’une sortie à la Mer de Glace à Chamonix.
Riche en rencontres et découvertes, ce séminaire a permis non seulement de fédérer un réseau de chercheurs de quatre universités autour d’objectifs et d’intérêts communs, mais aussi de poser les jalons des futures recherches en lien avec les acteurs du territoire sur cette question de la durabilité des pratiques récréatives de l’espace Mont-Blanc.