Du 24 au 26 septembre 2021 ont eu lieu à Lausanne des rencontres riches par leur contenu et originales dans leur forme, relatives aux 150 ans de la Commune de Paris de 1871.
Durant trois jours, historien·nes, politistes, philosophes, militant·es, passionné·es ont dialogué sur les caractéristiques et l’actualité de cet événement décisif. Ces journées ont été organisées à l’initiative du Centre Walras Pareto (Université de Lausanne, SSP, IEP) en collaboration avec le CIRA (Centre international de recherches sur l'anarchisme), l’AÉHMO (Association pour l'étude de l'histoire du mouvement ouvrier), la librairie Basta ! et les Archives cantonales vaudoises, et avec le soutien de la Ville de Lausanne.
Commune et démocracie, hier et aujourd'hui
Durant quelques semaines du printemps 1871 s’est exprimé collectivement à Paris, sous la pression des armées versaillaises, quelque chose de la vitalité de la contestation, des tumultes d’une cité libre, d’une démocratie turbulente. La défaite finale de mai n’en a pas signé la condamnation définitive, bien au contraire. Aujourd’hui c’est bel et bien cette aventure, tâtonnante et énergique à la fois, fruit de la raison et de l’imagination, qui demeure vivante.
Pourquoi à Lausanne ?
Il était justifié de parler Commune à Lausanne. Asile pour un grand nombre de réprouvé·es politiques au 19e siècle, la Suisse – et singulièrement les rives du Léman – a été la destination de nombreux acteurs et actrices de la Commune après son écrasement au mois de mai 1871. Ils n’étaient en général pas les bienvenus et leur existence y était le plus souvent précaire, mais la Suisse est devenue l’un des principaux espaces, avec Londres et Bruxelles pour celles et ceux qui ont pu s’échapper, avec Nouméa pour d’autres moins chanceux, de la mémoire et de la sociabilité communardes.
Un colloque fait de dialogues
Commémorer la Commune à Lausanne n’a pas consisté simplement à ajouter un colloque à une longue liste mais aussi à s’engager dans plusieurs directions moins attendues. Une conférence inaugurale prononcée par Laure Godineau a porté sur le remarquable court métrage intitulé La Boîte noire – lors de cette conférence ont été accueillies quelques classes de gymnasien·es lausannois·es. Ensuite se sont déroulés cinq dialogues consacrés à des thèmes décisifs à la fois en 1871 et aujourd’hui (féminisme, internationalisme, communalisme, exil, mémoire) ; dans chaque cas un·e spécialiste reconnu·e a échangé avec un·e militant·e sur l’histoire et l’actualité de l’expérience communale parisienne – combats, idées, luttes et rêves d’hier et d’aujourd’hui.
Lecture, film, promenade, exposition, blog
Il a aussi été question de retrouver, autant que possible, la sensibilité des acteurs et actrices de la Commune : la comédienne Catherine Kunz a fait la lecture presque intégrale d’un texte de la communeuse André Léo prononcé il y a 150 ans presque jour pour jour à Lausanne au Congrès de la paix et intitulé « La guerre sociale » ; le public a été convié à une expérience cinématographique singulière avec la projection du film de Peter Watkins, La Commune (Paris, 1871), au cinéma CityClub de Pully ; enfin, une journée a été consacrée à une promenade sur les lieux qui gardent trace de la Commune au bord du Léman : lieux de Reclus avec Marianne Enckell, lieux de Courbet avec Pierre Chessex. Signalons en outre que les Archives cantonales vaudoises ont exposé un drapeau authentique de la Commune, enlevé par les Versaillais. Et, pour compléter ces trois jours, le blog du Centre Walras Pareto a accueilli de nombreuses contributions relatives à la Commune.
Par le comité d’organisation de « Parlons Commune ! » : Thomas Bouchet, Antoine Chollet, Marianne Enckell, Tatiana Fauconnet, Timothée Guitard, Hélène Joly, Christian Marmy, Prune Roulier.