Le Professeur Joël Billieux a récemment contribué à un article du magazine en ligne VOX intitulé « How mental health became a social media minefield » (comment la santé mentale est devenue un terrain miné sur les réseaux sociaux).
Dans cet article , la journaliste Rebecca Jennings introduit le sujet en parlant de son vécu. Nouvelle sur TikTok, il n’a fallu que quelques jours à l’algorithme avant de commencer à lui proposer des contenus « psychologiques » auxquels elle pourrait s’identifier. Et les exemples fusent « 5 signes que vous souffrez d’anxiété » « si vous vous reconnaissez dans tel ou tel comportement, c’est un signe que vous pourriez avoir des troubles de l’attention »…
Bien que les traits humains de quête d’identité et d’appartenance à un groupe ne soient pas montrés du doigt, l’article met en garde contre la tendance à s’auto-diagnostiquer et sur-pathologiser ses ressentis émotionnels.
Le Prof. Joël Billieux rappelle la complexité d’un diagnostic en psychologie clinique : « il n’y a pas de frontière stricte entre ce qui est pathologique et ce qui ne l’est pas. C’est la façon dont les personnes vivent et interprètent leurs états mentaux qui est susceptible de déboucher ou non sur des difficultés ou une souffrance psychologique. Par ailleurs, la pose d’un diagnostic psychopathologique est un acte complexe nécessitant la convergence de différents types d’informations ».
Cette nouvelle tendance est montée en puissance au cours de la récente pandémie que nous avons toutes et tous subie. Confinés, isolés, les gens ont davantage cherché à mettre des mots sur leurs émotions, à resserrer les liens avec leurs semblables (via les réseaux sociaux notamment), et à réfléchir sur leur identité.
Le Prof. Joël Billieux appelle à résister à l’instinct d’attribuer une valeur diagnostique (ou indicatrice de trouble psychologique) à chaque symptôme expérimenté. « On ne peut pas catégoriser des maladies mentales comme on catégorisait par exemple des insectes. Les troubles psychologiques sont multi-déterminés et des symptômes apparemment identiques peuvent être expliqués par des causes ou des processus psychologiques différents. Ainsi, les approches centrées sur des catégories de troubles ne sont pas nécessairement valides et tendent à négliger l’importance des différences individuelles ».
L’article aborde également l’importance d’une présence de professionnel·le·s de la psychologie sur les réseaux sociaux, là où la population s’informe et, justement, se désinforme. En termes de conclusion, la journaliste rappelle qu’un diagnostic, même s’il apporte un soulagement, et même s’il est fait par un professionnel, n’est pas la clé de la guérison. C’est bien la démarche qui sera entreprise à partir de là qui pourra avoir un effet bénéfique sur la santé mentale.
Lisez l’article complet (en anglais) ici