Renouvelé pour trois ans, le partenariat entre le Parc Archéologique de Pompéi et l'Institut d'archéologie et des sciences de l'Antiquité de l'UNIL permet aux étudiant·e·s de se former sur le terrain à l'analyse de la peinture murale romaine. C'est également une reconnaissance de l'expertise lausannoise en la matière.
Le Parc Archéologique de Pompéi renouvelle sa confiance dans l’équipe suisse se consacrant à la reconstitution et à la compréhension des fragments de peintures murales recueillis dans la Maison des Peintres au Travail, une maison du quartier dit des Chastes Amants fouillée dès la fin des années huitante. Le nouveau Directeur du site, le Dr. Gabriel Zuchtriegel, a signé une convention portant sur trois années le 3 août dernier alors que des membres de l’Institut d'archéologie et des sciences de l'Antiquité de l’Université de Lausanne arrivaient sur place.
Cette année, le Prof. Michel E. Fuchs était accompagné d’Alexandra Spühler, chargée de cours pratiques sur la peinture murale romaine au sein de la Section d’archéologie et des sciences de l’Antiquité, et de trois étudiantes avancées, Aline Crotti, Allison Galimberti et Amélie Mazzoni, ainsi que d’une nouvelle recrue, Sarah Garbouj, qui a suivi cours et stages en peinture murale.
Jusqu’à la fin du mois d’août, l’équipe s'est consacrée à des recherches de collages et à la compréhension des décors de la Maison des Peintres au Travail réunis dans une maison appelée Casina Rustica, transformée en atelier archéologique. Le décor de voûte reconnu dès la première campagne, lui qui montre un réseau de griffons rouges, de cygnes bleus et de passereaux jaunes, a été complété par une frise de stuc le reliant à des plates-bandes dont les motifs centraux se sont révélés cette année comme étant figurés : des centaures marins conduisent d’un côté une panthère tout aussi marine avec sa queue aux enroulements caractéristiques, de l’autre un cheval aux allures d’hippocampe dans sa version antique. Le deuxième décor de plafond aux Saisons dans les angles s’est agrémenté de bouquets de feuilles et de guirlandes reliant des carrés sur la pointe animés de cervidés et de fleurons. Un troisième décor a été reconstitué, provenant lui aussi d’un plafond et jouant cette fois-ci sur l’effet de caissons stuqués ; il offre des encadrements à des médaillons occupés par des chevaux ailés, une panthère et une chèvre en alternance avec des losanges et des hexagones ou des octogones à côtés concaves insérés dans de grands cercles aux guirlandes de stuc sur fonds bleus ou rouges.
Tout ce travail de patient remontage de fragments prend sens une fois la peinture remise dans son contexte architectural, dans une approche d’archéologie du bâti que permet un site comme Pompéi grâce aux élévations des murs conservées. Le décor aux griffons, cygnes et passereaux a ainsi été assurément attribué à l’une des pièces de la Maison des Peintres au Travail grâce à l’observation des murs et des frises de stuc conservées sur place. Un deuxième décor à fond monochrome jaune a quant à lui été rattaché à une autre pièce, issu d’un angle détruit révélé par la fouille.
La confiance accordée à l’équipe suisse par la Direction du Parc Archéologique de Pompéi est la marque d’une collaboration fructueuse après seulement neuf semaines d’étude de ce matériel archéologique complexe qu’est la peinture murale fragmentaire. Le mois d'août 2021 apporte déjà des résultats exemplaires et augure d’une riche moisson d’analyses et de remontages destinés autant à la conservation-restauration d’ensembles qui rejoindront leur place d’origine qu’à une publication dont la qualité fera certainement honneur à un site qui a vu naître l’archéologie.