La première partie du 6e rapport du GIEC sur le changement climatique a été diffusée le 9 août. Celui-ci fait l’état des lieux du réchauffement climatique et de ses conséquences sur la base de données scientifiques. Les commentaires de Samuel Jaccard, professeur associé à la Faculté des géosciences et de l'environnement de l'UNIL. Il est l’un des coauteurs principaux de ce rapport.
Nous savons depuis des décennies que la planète se réchauffe en conséquence directe de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique.
Les récents changements affectent toutes les régions du globe ; ils sont rapides et ont tendance à s’intensifier. L’ampleur du changement climatique est sans précédent en regard de l’Histoire récente de la Terre. Par exemple, les concentrations atmosphériques de CO2 n’ont pas été aussi élevées qu’en tout cas durant ces derniers 800'000 ans et même peut-être ces derniers 2.5 millions d’années. A ce titre, l’Humanité n’a jamais connu de concentrations de CO2 aussi élevées qu’aujourd’hui.
L’influence humaine sur le système climatique rend les événements climatiques plus extrêmes, notamment en ce qui concerne les vagues de chaleur, les précipitations et les sécheresses, dont nous avons malheureusement été témoins au cours de ces derniers mois.
Certains changements sont désormais irréversibles. Seule une diminution substantielle, coordonnée et durable des émissions de gaz à effet de serre, incluant le CO2, le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O) permettra de maintenir le réchauffement planétaire au-dessous de 1.5°C en moyenne globale. Un réchauffement global au-delà de 2°C verrait une augmentation substantielle de la fréquence et de la sévérité des événements climatiques extrêmes.
L’extension de la banquise estivale en Arctique s’est réduite de 40% depuis 1979. Le retrait des glaciers est globalement plus important aujourd’hui qu’il y a 50 ans. Le niveau marin augmente plus rapidement qu’au moins durant ces trois derniers millénaires.
Une réduction rapide des émissions de gaz à effet de serre, avec un objectif de net zéro à l’horizon 2050, permettra selon toute vraisemblance de contenir l’augmentation de température globale au-dessous de 2°C.
Pour chaque 1000 Gt de CO2 s’accumulant dans l’atmosphère, la température globale augmente de 0.27-0.63°C. En se basant sur ces estimations, nous pouvons par conséquent émettre encore 400-500 Gt de CO2 afin de maintenir le réchauffement à 1.5°C, en sachant que les émissions annuelles globales de CO2 se montent à environ 40 Gt CO2 par an. Des actions rapides et ambitieuses sont dès lors nécessaires pour diminuer les émissions drastiquement.
Samuel Jaccard
6e rapport du GIEC - partie I : The Physical Science Basis
Fiche d'identité
Samuel Jaccard est professeur à l’institut des sciences de la Terre à l’Université de Lausanne. Le prof. Jaccard est spécialiste en sciences de la Terre. Il s’est formé en géologie avant d’explorer le paléoclimat, la paléocéanographie et les récents changements climatiques. Il est également membre de CLIMACT, un centre de recherche transdisciplinaire d’étude du changement climatique de l’UNIL et de l’EPFL.
Le prof. Samuel Jaccard a participé à la rédaction du 6e rapport d’évaluation sur le changement climatique du GIEC en tant qu’auteur principal. Il a notamment contribué à rédiger le chapitre 5, ayant pour trait les causes et conséquences du changement climatique sur le cycle du carbone.