Nous l'entendons et le voyons dans tous les magasins de vêtements pour bébés et enfants : Le rose c’est pour les filles et le bleu pour les garçons ! Mais est-ce bien le cas ?
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Domicele Jonauskaite et Christine Mohr, chercheuses à l’Institut de Psychologie de l'Université de Lausanne, ont mené une étude1 démontrant que les filles de 10 à 14 ans appréciaient particulièrement le rose, mais que le bleu, lui, est apprécié par tout le monde : filles et garçons mais aussi femmes et hommes. Ainsi, seul le rose semble être une couleur sexuée. Ces chercheures ont également observé que le rose est une couleur très positive, tout comme le bleu, mais dans une moindre mesure.
Dans une nouvelle étude2, apparue la semaine dernière dans le revue scientifique PloSOne, Mohr et Jonauskaite ont collaboré avec des chercheurs de l'université de Bristol, au Royaume-Uni, afin d’investiguer si, en-dehors d’un contexte de laboratoire, les couleurs pouvaient aussi influencer le genre et la valence. « Nous avons appliqué une technique d'intelligence artificielle à des textes facilement accessibles, tels que des articles Wikipédia, et avons identifié les connotations de genre et de valence dans des sections de textes où le rose ou le bleu étaient mentionnés » explique Domicele Jonauskaite. « Ensuite, nous avons déterminé si le rose et le bleu étaient utilisés soit dans un contexte féminin soit masculin.» Conformément aux résultats obtenus en laboratoire, l'équipe a conclu que le rose est une couleur sexuée, apparaissant principalement dans des contextes féminins et positifs. Le bleu, lui, est également positif mais apparait aussi souvent dans des contextes masculins que féminins.
« Ces résultats ont deux importances majeures » conclut Christine Mohr « premièrement, le rose symbolise la féminité, tandis que le bleu ne symbolise pas la masculinité. Deuxièmement, les résultats obtenus en laboratoire ont leur équivalent dans les écrits de la vie réelle ». Mis en commun, ces résultats démontrent que le langage écrit renforce les préjugés sexistes des termes de couleur, particulièrement pour le rose. Il est fort probable que cela soit également vrai pour le langage parlé.
AI reveals gender and valence biases of pink and blue in written texts
We hear it, and we see it in every shop selling baby and children's clothes: Pink is for girls and blue is for boys! But is it? Domicele Jonauskaite and Christine Mohr at the University of Lausanne led a research study1which showed that 10-14-year-old girls very much liked pink, while blue was liked by everybody: girls and boys as well as women and men. Thus, only pink seems a gendered colour. These researchers also observed that pink is a very positive colour, and so is blue, but to a lower extent.
In a follow-up study, published last week in PloSOne2, Mohr and Jonauskaite collaborated with researchers from the University of Bristol, UK, to investigate whether outside the laboratory too, colours convey gender and valence. They applied artificial intelligence technique to widely available texts, such as Wikipedia articles, and identified gender and valence connotations in sections of texts, in which pink or blue were mentioned. They then determined whether pink and blue were used in feminine and masculine contexts, respectively. In line with the laboratory findings, the team concluded that pink was a gendered colour, appearing mainly in feminine as well as positive contexts. Blue was also positive but appeared equally often in masculine and feminine contexts.
The importance of these results is twofold. First, pink symbolizes femininity, while blue doesn’t symbolize masculinity. Second, results from the laboratory found their match in real life writing. Together, these results demonstrate that written language reinforces gender biases of colour terms, in particular those of pink. Most likely, this is also true for spoken language.
1Jonauskaite, D., Dael, N., Chèvre, L., Althaus, B., Tremea, A., Charalambides, L., & Mohr, C. (2019). Pink for girls, red for boys, and blue for both genders: Colour preferences in children and adults. Sex Roles, 80(9), 630–642. https://doi.org/10.1007/s11199-018-0955-z
2Jonauskaite, D., Sutton, A., Cristianini, N., & Mohr, C. (2021). English colour terms carry gender and valence biases: A corpus study using word embeddings. PLOS ONE, 16(6), e0251559. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0251559