Si la question n’est en rien nouvelle, le racisme, qu’il soit ordinaire ou institutionnel, occupe actuellement largement l’espace tant médiatique que politique. Comment les sciences sociales peuvent-elles contribuer à comprendre les processus de discrimination et d’exclusion qui le sous-tendent ?
Dans le cadre du Master en sciences sociales, les enseignant·e·s du cours-séminaire « Globalisations et circulations » proposent ce printemps à leurs étudiant·e·s d’examiner le racisme à travers le prisme des sciences sociales. « Penser le racisme en sciences sociales conduit à interroger le rapport à l’altérité, dans sa construction historique à travers les circulations et leurs conséquences, comme dans son expression quotidienne » explique Gaële Goastellec, MER à l’Institut des sciences sociales (ISS).
Articuler la dimension locale avec les dynamiques globales
Adoptant une perspective interdisciplinaire, ce cours permet aux étudiant·e·s de se familiariser avec différentes approches scientifiques à travers trois grandes séquences thématiques. D’une part, une approche par l’histoire des circulations et la construction de la notion de « race », en particulier telle qu’elles se déclinent à travers l’histoire helvète via notamment la participation au commerce triangulaire. D’autre part, l’expérience individuelle du racisme, telle que l’éprouvent et la restituent les individus qui y sont directement confrontés, mais également celles et ceux qui cherchent à défendre leurs droits, soit des avocats, associations, comme des représentant·e·s de différentes communautés. Enfin, la façon dont les institutions suisses se sont saisies et se saisissent aujourd’hui de cette thématique.
« La construction collective de l’analyse de l’objet de recherche choisi s’appuie sur des cours théoriques et des conférences de spécialistes issus à la fois du monde académique et du monde associatif ou politique local » résume Jean-Marie Oppliger, assistant diplômé et doctorant FNS à l’ISS.
Des recherches de terrains et des conférences publiques pour enrichir le débat
Un terrain collectif – à travers une collaboration avec le Bureau Lausannois des Immigrés - est pensé pour et par les étudiant·e·s. Il leur permet de développer des compétences méthodologiques à partir d'un travail de terrain qui engage la mise en dialogue des théories étudiées en cours et des observations réalisées.
Les enseignant·e·s ont également agendé des conférences publiques avec différent·e·s expert·e·s, tant scientifiques qu'administratifs, politiques ou associatifs. Nicolas Bancel, professeur à l’Institut des sciences du sport (ISSUL) et spécialiste de l’histoire de l’éducation physique, de l’histoire des mouvements de jeunesse et de l’histoire coloniale et postcoloniale, est récemment intervenu sur « L’invention de la race (fin XVIIIe siècle-1840) ».
La prochaine conférence publique aura lieu le 26 mars prochain. Intitulée « Petite histoire de la colonisation – traite – commerce triangulaire », elle sera donnée par Olivier Pavillon, ancien directeur du Musée historique de Lausanne et responsable du cabinet des manuscrits de la Bibliothèque cantonale et universitaire à Lausanne. (voir détails).
Un programme riche, qui permet de faciliter les échanges et de mieux appréhender les dynamiques locales. « Au travers de ces interventions et des recherches de terrains qui seront menées par les étudiant·e·s, nous cherchons aussi à favoriser la transférabilité des pratiques de recherche au monde professionnel » conclut Antoine Kernen, MER à l’ISS.