Professeur au département d’économie à la Faculté des HEC (UNIL), Marius Brülhart vient d’être nommé Président du Groupe d’experts en économie à la Science COVID Task Force nationale. Membre de ce groupe depuis sa création en mars 2020, le Prof. Brülhart a pris ses nouvelles fonctions le 1er février dernier.
Mise en place au tout début de la pandémie en Suisse, la Swiss National COVID Science Task Force a pour mission de conseiller les autorités dans le cadre de la crise provoquée par le COVID. Ses membres, soit environ 70 expert·e·s issu·e·s des hautes écoles et de la recherche suisses, répartis au sein de 10 groupes d’expertise, y interviennent à titre bénévole. La Task Force assure un avis scientifique indépendant, sans prendre de décisions quant aux mesures ou actions à prendre.
Spécialisé en économie publique, en économie régionale et urbaine, ainsi que dans le commerce international, le Prof. Brülhart vient de prendre les rênes du groupe d’expert·e·s en économie. A cette occasion, nous lui avons posé quelques questions pour en savoir plus quant au rôle des économistes dans la gestion de la crise sanitaire au travers de la Task Force.
L’interview
Quelle est la mission du Groupe Economics dont vous venez de prendre la direction ?
Le groupe Economics a rédigé une douzaine de « policy briefs » sur des questions telles que le financement des tests Covid, le rapport coût-efficacité des règles de quarantaine pour les voyageurs, ou les conséquences de la crise pour la dette publique. Notre dernière analyse était peut-être la plus ambitieuse, puisque nous avons tenté de chiffrer les coûts économiques et les bénéfices sanitaires des mesures actuellement en vigueur (et nous avons observé que le bilan final est probablement positif).
Comment les expert·e·s en économie peuvent-ils·elles aider à gérer une crise sanitaire, et pour quelles raisons est-ce important ?
Une importante partie de notre travail consiste à démontrer l’ampleur des enjeux. Les décideurs politiques voient surtout la dimension budget et les coûts directs engendrés par leurs décisions, mais il leur manque parfois une vision plus globale de la taille de l’enjeu. Les collègues de l’ETHZ ont par exemple calculé que chaque jour en mode pandémie actuel, coûte quelques 100 millions de francs de valeur ajoutée non réalisée, en comparaison à une situation hypothétique sans Covid. Il est important de garder ce type d’information et de montant en tête quand on décide du budget à investir dans des tests et des vaccins.
Quelle est votre vision de l’avenir de l’économie post-COVID en Suisse?
Les économistes ne sont pas forcément de bons pronostiqueurs. Mais si les vaccins s’avèrent suffisamment efficaces pour qu’on puisse retrouver une vie plus ou moins normale d’ici à l’automne, je m’attends à un fort rebond économique grâce à une demande aujourd’hui artificiellement stoppée. Nous avons tous envie de rattraper de la « consommation sociale » et des voyages, et beaucoup de personnes ont accumulé de l’épargne.
Comment la recherche à HEC Lausanne a-t-elle évolué depuis les débuts de la pandémie?
De nombreux·euses chercheurs et chercheuses à HEC Lausanne conduisent depuis des travaux spécifiquement autour de la pandémie - notamment dans le cadre d’Enterprise for Society (E4S), ou l’ont intégrée dans leurs projets. Nous avons par exemple conduit des sondages auprès des PME et auprès d’indépendant·e·s en Suisse pour comprendre comment ils·elles géraient la crise. Dans un autre projet, le Prof. Rafael Lalive et ses co-auteurs étudient l’évolution de la consommation en Suisse en temps réel, en se basant sur des données de paiements électroniques. Un autre exemple encore, les travaux conduits actuellement par le Prof. Benjamin Müller et son collègue Jean-Charles Pillet du Département des systèmes d’information, Faculté des HEC, qui s’intéressent à la capacité d’adaptation au télétravail des équipes de services professionnels.
A la question « Quelles sont vos propres aspirations dans ce nouveau poste », le Prof. Marius Brülhart conclut : « Ma principale aspiration consiste à contribuer à rendre la Task Force redondante aussi vite que possible en battant le virus ! ». Tous les membres du décanat et du personnel de la Faculté des HEC le félicitent et lui souhaitent plein succès dans ses nouvelles fonctions !