Numéro de la revue "Entreprises et Histoire" dirigé par Malik Mazbouri, Thibaud Giddey et Patrice Baudeau
Comme tout autre type de scandale, le scandale financier est un objet hybride, qui pose à la recherche des problèmes de repérage et de définition. Son histoire n’est pas à confondre avec celle de la corruption ou des transgressions, ni avec celle des crises et des krachs. Injustement boudé, à de rares exceptions près, par la profession historienne, le scandale financier permet pourtant d’interroger le régime des valeurs et des normes légales ou morales qui gouvernent une société ainsi que les formes de mobilisations et de contre-mobilisations auxquelles donnent (ou non) lieu la mise en cause publique d’acteurs issus du monde de l’économie et de la finance. Exposant au regard collusions inavouables et collisions inattendues, il est toutefois plus qu’un simple révélateur des relations entre l’argent et le pouvoir : sa dynamique même se nourrit des transformations qu’il est capable ou incapable d’impulser dans le fonctionnement usuel des différents univers sociaux qu’il met en tension. C’est à cet objet riche et pluridimensionnel, enjeu d’investissements stratégiques et sémantiques toujours intéressés, que sont consacrées les contributions réunies dans le présent numéro d’Entreprises et Histoire. Celui-ci veut être à la fois un hommage aux travaux pionniers parus sur la question et un appel à renouveler les recherches sur cette thématique qui intéresse aussi bien l’histoire économique et financière que l’histoire sociale, politique et culturelle.