L'implication des étudiant·e·s en médecine dans le système de santé en renfort contre l’épidémie de coronavirus reste un sujet de débat. Comment ont-ils/elles réagi à cette exposition ? Une étude conjointe des hôpitaux universitaires lausannois et zurichois propose un premier éclairage et des pistes pour comprendre le rôle de facteurs contextuels - comme l’accès à des équipements de protection ou encore le soutien de l’employeur - sur la santé physique et psychologique des étudiant·e·s.
Décoder les « risques potentiels ». Le principal argument contre l’implication des étudiant·e·s dans la réponse au COVID-19 concerne les risques potentiels pour la santé physique et psychologique. Qu’en est-il réellement ? L’étude dirigée par trois médecins du Service de médecine interne (SMI) du CHUV s’est attachée à comparer la santé physique et psychologique des étudiant·e·s en médecine impliqué·e·s ou non sur le front de la pandémie. L’enquête confronte également les données des étudiant·e·s avec celles des professionnel·le·s en place.
Des résultats encourageants et éclairants. Première bonne nouvelle, les étudiant·e·s impliqué·e·s dans la réponse au COVID-19 ont signalé une proportion similaire de symptômes de COVID-19 ou de diagnostics confirmés de cette maladie. Plus étonnant, ils ont exprimé de moindres niveaux d’anxiété, de dépression ou d’épuisement professionnel par rapport à leurs pair·e·s qui n’étaient pas impliqué·e·s dans la réponse à la pandémie. « Nous avons également constaté que les étudiant·e·s sur la ligne de front présentaient des niveaux d’épuisement plus faibles que les médecins-assistant·e·s en première ligne » ajoute le Dr David Gachoud, coauteur de l’étude et médecin cadre au SMI et à l’École de médecine. « Le contexte dans lequel les étudiant·e·s en médecine sont impliqués pour répondre à la crise sanitaire est certainement un facteur critique. L’accès à des équipements de protection, la formation à une utilisation rigoureuse de ce matériel ou encore le soutien que les étudiant·e·s reçoivent de leur employeur pourraient expliquer les résultats sur leur santé physique et psychologique. » complète la Dre Marie Méan, médecin-cadre au SMI et MER à la FBM.
Des recherches supplémentaires restent encore nécessaires pour mieux comprendre le rôle de ces facteurs contextuels sur la santé physique et psychologique des étudiant·e·s. Il faut relever, enfin, que les participant·e·s à cette étude n’étaient pas issus d’une cohorte prédéfinie d’étudiant·e·s. Ils/elles ont répondu au questionnaire sur une base volontaire. « Ceci peut avoir un impact sur la généralisation des résultats, mais l’étude apporte tout de même une information importante au regard de la charge de travail qui va encore peser sur notre système de santé. » conclut la Dre Oriane Aebischer.